Mennecy Metal Fest 2021

Mennecy Metal Fest 2021
Sujet : Catégorie : Chroniqueur : Date :
Mennecy Metal Fest 2021
Festival AnnaHell
Septembre 2021
@Metalleux de France
 
Le 10, 11 et 12 septembre 2021 se tenait le Mennecy Metal Fest. Le festival n’en est pas à son coup d’essai puisque sa première édition a eu lieu en 2012. La programmation 2021 n’a rien de ridicule avec des noms tels que Masterplan, No One Is Innocent, Dark Tranquility, Dagoba etc…et offre la belle opportunité à des groupes moins connus de faire leurs armes sur la Eye Stage (portée par MusikÖ_Eye). Côté logistique, le festival se tient dans le parc de Villeroy, situé dans la ville de Mennecy (Essonne). Tout se passe en extérieur, où la scène principale et la Eye Stage quadrillent une zone animée d’une buvette, où sont proposés des ravitaillements comme on pourrait en trouver lors d’un barbecue entre potes, et de deux allées de stands de vendeurs ou de merchandising de groupes. La première impression est bonne, la scène principale est imposante et laisse entendre que les prestations vont envoyer du lourd.
Les équipes du Mennecy doivent faire face aux aléas du direct dès la première soirée du vendredi. La météo est CATASTROPHIQUE, offrant son lot de pluies orageuses qui coupent net toute activité sur le site pendant près d’une heure (et qui m’empêchent personnellement de rejoindre le parc de Villeroy à pied). La programmation est décalée, les sets sont parfois raccourcis pour permettre à tout le monde de participer à la fête. Pour autant, le moral est au beau fixe en cette première soirée. On notera la très belle prestation d’Akiavel, groupe de Death originaire du sud de la France, entraîné par un growl féminin à se cogner la tête dans les murs. Masterplan est un peu plat dans sa prestation, laissant un petit sentiment de frustration à la fin du set relativement court, faute à la météo comme dit plus haut. Petit point technique : à ce stade de la soirée, on a une légère inquiétude quant à la qualité sonore qui semble souffrir de mauvais réglages côté régie. Heureusement, No One Is Innocent renverse la sauce, tant techniquement que pour l’ambiance, et propose ce qu’on appelle communément un « sacré bordel ». Kemar et sa bande ont le don d’attirer les foules et de déchainer les masses, que l’on adhère ou pas au style très rock de la formation. A coup de rythmes bien sentis et d’une présence scénique exceptionnelle, Mennecy se transforme en champ de bataille, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les pogos démarrent enfin, sur une prestation musicale et visuelle de grande qualité. Par facile pour le feu-Motörhead Phil Campbell et ses Bastard Sons de s’imposer après un tel affolement. Et effectivement, l’ambiance descend d’un cran, pour autant la partition est maîtrisée, et ça fait quand même quelque chose de voir un musicien qui a tutoyé les sommets se produire devant nous. C’est ainsi que se clôture la première soirée du Mennecy Metal Fest, la reprise est timide, le rodage est en cours, et sans No One Is Innocent, l’ambiance aurait probablement eu un peu de mal à décoller.
Jour 2, soleil et cocotiers. Le samedi démarre en avance (si si), parce que, d’après l’organisation, le groupe est prêt alors pourquoi pas. Je me permets une petite parenthèse sur le caractère très « maison » du Mennecy Metal Fest. Si vous aimez les ambiances fête foraine et guinguette, vous allez vous y sentir comme chez vous. Les groupes sont annoncés à l’ancienne, par (j’imagine) un organisateur du fest qui nous fera aussi la promo de la tombola organisée le dimanche. Le Mennecy, c’est comme le mariage de tonton gégé, sauf que c’est du métal, et quelle meilleure façon de retourner à la scène qu’au sein d’un environnement qui se veut aussi familial et sans prise de tête ? En plus, tout le monde est sympa. Que ce soit les équipes de sécurité, le personnel de la billetterie, la buvette, jamais un visage ne saurait se parer d’autre chose que d’un sourire, et une petite blague n’est jamais très loin quand on s’adresse à un membre du staff. Et ça fait plaisir !
Parenthèse fermée, c’est Fátima qui ouvre le bal de cette deuxième journée, avec donc un peu d’avance. La griffe est grunge, on retrouve un peu de Kurt Cobain dans la voix et les cheveux du chanteur, malgré tout, les badauds se font rares en ce début d’après-midi. On enchaîne par Barabbas, dont le doom, lourd mais abordable, rassemble les foules. On se presse gentiment vers la scène, et le charme opère, amené par un chanteur qui a le don de capter l’attention. L’ambiance monte encore d’un cran dans la violence avec Corrosive Elements et son Death qui libère le headbang et quelques pogos timides. Les gars sont sympas, on a envie de faire la fête avec eux, et l’ambiance est vraiment amicale, comme si on était tous là entre potes. Côté relationnel, le dialogue se casse quelque peu avec l’arrivée de Misanthrope. On ne peut leur retirer leur carrière, leur maîtrise, leur vision et leur implication dans le monde musical. Et musicalement justement, ça fonctionne assez bien (même s’il y a quelques couacs sur le chant qui cassent un peu l’engagement dans le show). Mais PITIE, quelqu’un peut-il demander à Monsieur de l’Argilière de descendre d’un cran, dégonfler les chevilles et échanger avec le public ? A l’image de Loudblast par exemple, qui vient nous coller une bonne mandale dans la tronche, et bon sang, on en redemande ! La foule prend en densité, les pogos et autres slams reprennent leurs droits, et on est enfin plongés dans cette ambiance si particulière qui avait disparu de nos vies ces derniers mois (et même années…). Passage par Impureza, l’occasion de danser un tango avant d’enchaîner sur la première tête d’affiche de cette journée, Dagoba. On sent que les gars sont aussi contents que nous de retourner au live, et c’est un bonheur. Les breakdowns sont percutants, le jeu de lumière est bien pensé, bref, ça tabasse comme il faut. Un petit bémol sur quelques « instabilités » vocales de la part de Shawter, mais rien de méchant, et ça n’empêche pas de passer un très très bon moment. La soirée se termine sur Moonspell, dont la qualité en live est, à mon sens, bien plus intéressante qu’en studio. Toute l’aura de ce groupe prend son sens sur scène, où Ribeiro tel un chef d’orchestre, mène la formation dans une parfaite maîtrise. Et la communion avec la fosse est bien réelle, que ce soit lorsque les drapeaux portugais flottent dans le public, ou que les paroles d’Alma Matter résonnent dans la foule. Une très jolie clôture à cette belle journée, qui ne donne qu’une envie, rentrer se coucher (à tout de même plus d’une heure du matin), et revenir pour la dernière journée en pleine forme !
Jour 3, programmation allégée. Cela avait été annoncé quelques jours avant le début du festival, mais Napalm Death ne sera pas présent pour honorer sa prestation, faute de visa. C’est dommage, surtout sur une journée à la programmation déjà légère (à Mennecy, on pense à la reprise du lundi). Parmi les temps fort de la journée, on nommera AcoD, coup de cœur personnel en termes de découverte sur ces trois jours. La prestation est très professionnelle, maitrisée de bout en bout avec une vraie personnalité. On s’y plonge sans crier gare et le set passe en un clin d’œil. Somme toute, c’est un groupe à surveiller de très près. Le tempo ralenti pour Nightmare (Power métal), dont la voix féminine est probablement la plus travaillée dont on ait pu profiter durant le weekend. La prestation est juste, la présence scénique est réelle et entraînante même si les morceaux sont peut-être un peu plats ou ont parfois un goût de déjà-vu. Après une (longue) pause, résultat de l’absence de Napalm Death, on reprend les hostilités avec Dark Tranquility. Et si le bonheur de retrouver la scène devait se matérialiser, ce serait en la personne de Mikael Stanne. Un sourire barré sur le visage tout au long du concert, des remerciements et des exclamations de joie ponctuant la prestation, des riffs mélancoliques au possible… Un très beau moment de communion entre le public et Dark Tranquility. Mais bien vite, la profondeur et la mélancolie laissent place à la fête de taverne, aux danses bras-dessus, bras-dessous, le tout en levant sa bière au fin fond de la Finlande… Vous l’avez ? Place à Ensiferum. Quelle ambiance mes amis ! Les mecs sont contents d’être là, ça se voit, ils sont à Mennecy pour retourner la fosse comme aucun autre. A coup de pogos mêlés à de la danse celtique, de lignée de plusieurs mètres de rameurs ou encore de franches « épaulades » entre rangées de fosse, je me suis fait la réflexion que, de tous les concerts auxquels j’ai pu assister, j’ai rarement été témoin d’un tel esprit de fraternité, d’une telle flagrance de partage et de complicité entre des gens qui, pour la plupart, ne se connaissent absolument pas. Une belle allégorie de ce weekend passé à Mennecy !
A n’en pas douter, on sera de retour à Mennecy. Il règne au sein de ce festival une ambiance toute particulière qui permet de vivre la musique d’une façon presque intime. Si la foule est bien présente, on n’est évidemment pas sur les effectifs d’un Motocultor, et par conséquent, on n’est pas non plus sur des têtes d’affiches exceptionnelles, bien entendu. Mais reste que rares sont les festivals où l’on peut se frayer un chemin jusqu’à l’avant de la scène et toucher du doigt des artistes qui sont loin d’être des inconnus dans leurs domaines. La communion avec ce qui se passe sur scène prend toute sa dimension quand on la vit à quelques centimètres de distance. C’est, à mon sens, bien là la force du Mennecy Metal Fest, proposer un cadre préservé malgré la présence de groupes renommés. On notera aussi la richesse de la Eye Stage, avec de belles découvertes telles que Conviction, et la chance qu’elle offre à des plus petits de faire leurs armes devant un public averti.
En bref, qu’on s’appelle Hellfest ou Mennecy, qu’on soit grand ou petit, la passion est là, c’est ce qui fait vivre la flamme du métal, surtout en cette période incroyablement chaotique. Et combien de groupes, durant le weekend, on fait leur retour sur scène, et d’autres, comme moi, leur retour dans la fosse. Quel bonheur de partager ce retour à la vie, qu’on soit sur les planches ou sur le gazon ! Quand enfin les basses pulsent des enceintes et viennent s’échouer directement dans la cage thoracique, donnant une dimension palpable à la musique, quand les contacts reprennent sur les Wall Of Death après des mois d’errance, quand les consignes de bière volent dans les airs et que les « A poils » s’élèvent et qu’on se dit que ça y est, c’est reparti !
Alors pour les groupes, pour les roadies, les techniciens et tous les métal friendly, merci Mennecy !
AnnaHell

Laissez un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être affichés