Balcon 76 (Nos Rêves Font du Bruit)

Aujourd’hui les amis, je sors de ma zone de confort pour vous parlez de rock. Avant toute chose, je me dois de vous préciser que ce n’est ni mon domaine de compétence, ni même mon univers musical favoris. Pour autant, je pense que mon rôle est aussi, et avant tout, de vous partager des coups de cœur, même au-delà des frontières du métal, et que le groupe soit international ou un bien une formation locale. On va donc parler un peu de Balcon 76, formation rock basée dans mon fief, à Troyes.

Nous sommes le samedi 13 novembre 2021, terrible journée qu’il convient de clôturer en musique, et pour ma part, ça s’est traduit par ma visite, en civile, au sein du festival Nos Rêves Font du Bruit. Pour être honnête, je n’en attends pas grand-chose en partant. Et pourtant, c’est bien une file d’attente de plusieurs dizaines de mètres qui s’étale aux portes de la Chapelle Argence, à Troyes donc. Je suis surprise, et contente, d’y croiser des visages familiers de potes punk, métalleux, rockeurs, de tous âges et de tous horizons. C’était pas gagné de faire salle comble, déjà parce que l’on parle d’une ville moyenne, et surtout parce que c’était la première édition de ce festival rock. Alors déjà chapeaux bas pour ça, c’est une jolie réussite. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, nous allons parler de Balcon 76, organisateurs de cette soirée, et missionnés pour ouvrir le bal de ce festival.

Ce groupe, c’est avant tout l’histoire d’une démarche. Les têtes de pont de ce projet s’appellent Matthis, au chant et à la guitare, et Louis à la batterie. Baignant dans le milieu artistique, à travers notamment la galerie d’art collaborative fondée par Matthis et baptisée Balcon 76, ils décident de fonder un groupe de rock, extension de cette passion qui les anime. Ils seront alors rejoints par Thibaud (basse) et Théo (guitare). Leur premier concert a lieu en 2019, on a donc affaire à une formation toute jeune et pourtant…

Comme je l’ai précisé plus haut, je venais en civile à cette soirée, et je n’ai donc pas pris de notes sur le déroulement de la soirée ou sur les titres, que je ne connaissais pas. Je vais donc avoir du mal à vous retranscrire une setlist de qualité, au lieu de quoi, je vais vous parler de ressenti.

Ce n’est pas compliqué, je venais pour soutenir l’idée d’un nouvel évènement musical, et j’ai fini bouchée bée, abasourdie devant la prestation de Mathis et sa bande. On va être honnête, je n’ai pas accroché dès le départ, probablement liée par mes préjugés sur le genre. Pourtant, petit à petit, le déclic s’opère. Je me laisse porter par la guitare terriblement mélancolique qui me parle dans une langue bien familière, m’atteignant en plein cœur. Mais c’est également la rythmique qui m’entraîne, dans des alternances qu’on dirait chaotiques au premier abord et qui pourtant font totalement sens d’une façon assez étrange. C’est sombre, saccadé, perturbé, mélancolique, presque insensé sur les bords. Et enfin, pour m’achever, c’est ce chanteur terriblement charismatique qui t’embarque dans ses délires sans crier gare. Une voix brisée, capable d’aller chercher des notes chargées d’une profonde détresse sans délaisser l’équilibre avec la justesse, accompagnant une réelle prestance scénique. Dieu sait que ce n’est pas donné à tout le monde de savoir occuper l’espace, même chez les plus grands. On retrouvera ainsi le chanteur noyé au milieu de la fosse, se perdant dans la masse à coup de mouvements frénétiques, d’allers-retours incessants, de hurlements sortis du plus profond de l’âme sur « Comment Veux-tu Que Je Me Soigne ? ». C’est là que j’ai fini bouche bée, comme une imbécile plantée au milieu de la foule, complètement subjuguée par une telle explosion, de telles émotions transmises comme j’ai rarement pu en être témoin.

J’écris ces lignes plusieurs semaines maintenant après le déroulement de Nos Rêves Font du Bruit, pour prendre du recul et poser mes pensées, mais mon point de vue sur Balcon 76 ne change pas. C’est un groupe à suivre de très près, car si ce nom là ne sort pas de son petit terroir local d’ici quelques années c’est qu’il faudra s’inquiéter de l’avenir du monde musical.   

AnnaHell