Alta Rossa en interview pour la sortie de leur album, "Void of an Era"

Alta Rossa en interview pour la sortie de leur album,
Genre : Pays : Album: Groupe:
Post Metal France
Void of An Era
Alta Rossa

 

Bonjour à vous tous !

ALTA ROSSA a été fondé en 2020.
Un tout jeune groupe mais qui est déjà ultra pro.
Racontez-nous le chemin parcouru qui conduit, aujourd’hui, à la promotion de votre premier album, « Void of An Era ».

 

Comment définissez-vous l’ADN d’ALTA ROSSA ?

L’ADN du groupe, c’est un mélange des influences et de la sensibilité de chaque membre d’Alta Rossa, avec l’intention de noircir le trait tant sur la vision négative du monde qui nous entoure, que sur la musique sombre et violente que l’on cherche à produire.

 

Vous avez composé votre premier album « Void of An Era » lors des restrictions sanitaires successives.
Comment s’est passée cette période pour le groupe ?

Comme pour beaucoup de monde, ça a pas mal ralenti les choses. Ça n’a pas toujours été simple d’aller en répétition, même simplement se retrouver pour échanger, alors même qu’on était en phase de composition, avec plein de choses à essayer et à mettre en place avant d’aller en studio. A vrai dire on est allés enregistrer en ayant peu répété les morceaux, on a fini de caler le chant pendant les sessions d’enregistrements. Il a fallu être efficace avec le peu de temps qui nous était offert. On a vu ça comme un défi, qu’on a pris plaisir à relever !

 

A l’écoute de l’album, on sent bien que vous aviez besoin d’exprimer, voire même d’expulser, un sentiment fort de colère dû au climat actuel.
Quels messages avez-vous souhaité transmettre ?

On a toujours eu besoin d’exprimer une certaine colère, que ce soit par la musique ou tout autre forme d’expression et ce n’est pas forcément dû au climat actuel. C’est quelque chose qui a souvent fait partie de notre démarche musicale, mais malgré les apparences, on n'y trouve pas que ça. En général on parle d’exutoire quand on parle de métal, mais il y a avant tout une forte sensibilité pour la musique elle-même, pour ce qu’elle évoque au-delà de la colère, ce qu’elle a de beau et de transcendant. Comme dans toute forme d’art, chacun à sa sensibilité, et c’est là-dessus qu’on s’est retrouvés avec l’ensemble du groupe. La colère fait partie de la recette, mais ce qu’on cherche avant tout à transmettre, c’est une esthétique, forgée par notre vision de la vie sur cette terre, et l’impact que cela peut avoir sur chacun d’entre nous. Le constat qu’on en fait est assez pessimiste, il faut voir cela comme un tableau ou un récit de fin du monde que l'on transforme en musique.

 

Nous sommes dans une société où l’on consomme plus des titres sur des plateformes de streaming que du CD.
Comment voyez-vous cette dérive ?

On ne considère pas cela comme une “dérive”, les choses évoluent constamment, la consommation de la musique n’y fait pas écart. Ce serait une erreur de considérer que tout le monde consomme et devrait consommer de la musique comme on peut le faire. Il suffirait déjà de comparer rien que dans notre groupe notre consommation de musique pour voir que ce n’est pas homogène. Avant l’arrivée du CD, les gens consommaient sur d’autres supports (vinyles, cassettes ou encore radio). Avec internet, il y a une explosion de groupes et une course à la visibilité, on ne va pas en vouloir aux consommateurs d’écouter plus en streaming qu’en CD mais on peut légitimement se questionner sur le pourquoi cela se passe comme ça, et avec quelles modalités ? Quand tu viens d’un coin un peu paumé et que ta seule possibilité d’écouter de la musique passe par internet, tu préfères mettre 15 balles dans un CD ou dans une possibilité d’écoute infinie tous les mois et découvrir plein de choses différentes (ou non). Quand tu peux mettre 15 balles ! Question complexe donc, à laquelle je réponds que ce n’est pas une dérive.

Rien qu’entre Bandcamp et Spotify ou Deezer, la consommation est sûrement très différente. Et quand tu vois que Daniel Ek, PDG de Spotify siège investit des centaines de millions dans une entreprise qui développe des armes de guerres, je pense que là, on peut parler de dérive. C’est en partie ce que l’on veut dénoncer dans AR. Ce n’est pas la faute des consommateurs, c’est qui fait consommer et pour quoi ? Ça pose un énorme dilemme, on a sûrement besoin de Spotify pour exister et ça ne dépend pas que de nous…


Pensez-vous que le Métal est moins impacté par cette nouvelle forme de consommation de la musique en générale ?

T : il y a sûrement des gens pour qui c’est le métier de pouvoir étudier des chiffres concrets, faudrait regarder ce que cela raconte de ce côté-là. Il y avait des stats qui étaient sorties sur la consommation streaming dans 18 pays qui donnaient le Métal comme le petit dernier, et ce n’est pas grave et même compréhensible. Compréhensible, parce « Métal » qu’est ce que ça veut dire ? Entre Tool, Bathory, Amenra et Cattle Décapitation il y a un monde, ou quatre même ! A part cela, il est probable que les métalleux soient encore très attachés au format physique et donc que cela se ressente sur les stands de Merch en concert. Mais on pense que ça s’applique également sur d’autres genres de niche comme le punk, le surf et tout ce qui touche aux milieux alternatifs en fait.

Pour revenir à la question, c’est toute la musique qui est impactée avec la baisse de consommation de CD et l’arrivée du streaming, le Métal n’échappe donc pas à la règle.

 

Les modes de consommation de la musique changent. La manière de communiquer aussi.
Les réseaux sociaux prennent une place de plus en plus grande dans notre quotidien.
Comment arrivez-vous à faire votre place ?

Comme pour le streaming, tout va très vite, et bien souvent ce sont les algorithmes qui dictent leurs lois.
Pour un groupe comme le nôtre, né en 2020, il faut être hyperactif si tu veux te faire une place sur les réseaux. On a tout à faire, c’est un travail de dingue que de réussir à créer une fanbase solide en ligne, il ne faut rien lâcher, ça se passe 7j/7j. Mais tout ça ne marchera pas sans les concerts. Les réseaux sociaux sont des outils supplémentaires, même incontournables. On a intégré ça dans notre démarche, en sachant très bien que ce n'est pas ce qui nous offrira une crédibilité. Car pour nous, si tu ne te fais pas déjà une place dans la vie réelle, alors ça ne t’apporte rien. Car nous ne sommes pas youtubeurs, ni des stars de twitch, notre place est avant tout sur scène, devant un public et loin des écrans. Sachant ça, on arrivera peut-être à se faire une petite place, mais on prendra le temps qu’il faut.

 

Quel est votre vision du Métal d’aujourd’hui ?

A l’image du reste, il évolue, il est investi par de plus en plus de mixité. Les thématiques évoluent également, même si on reste sur quelque chose d’assez énervé dans l’intention. Des questions de société s'immiscent plus frontalement dans le Métal, y compris le métal extrême, type black ou death, qui étaient squattés par pas mal d’idées nauséabondes et dont il ne reste pas mal de ménage à faire (je mets la scène crust/grind de côté car l’engagement sur des questions de mixités et même de luttes sociales me semblent faire partie de “l’essence” même du genre).

On n’a pas envie de voir le Métal comme un bloc de marbre immuable sur sa façon d'être fait, joué et écouté. Il y a des “puristes”/”élitistes”, mais pas que et ça permet de voir des expérimentations et autres ovnis de la musique plutôt intéressants.

 

Le post-métal est un métal de « niche ». Le public est moins nombreux mais plus connaisseurs.
Pensez-vous que ce genre gagnera avec le temps un autre public, moins « élitiste » ?

On ne pense pas que le “post-métal”, du moins celui auquel on s'identifie, se veuille élitiste. Certes ce n’est pas le style le plus accessible, et il y a certainement des courants et des modes qui passent par plein d’autres styles dans le métal, mais quand on s'oriente vers cette musique, c’est avant tout parce que ça nous touche. Le "post-métal" est un style qui va en profondeur, où les émotions sont plus fortes, où les limites sont moins marquées, ce qui permet parfois de s'affranchir de cette étiquette. Pour certains, c’est un cheminement logique, et pour d’autres, ça peut être la porte d’entrée vers d’autres styles. Cela n'empêche pas de gagner un public plus large, des groupes comme Cult of Luna se trouvent déjà en tête d’affiche sur des festivals métal plutôt généralistes.

 

Je pense qu’ils vous tarde de retrouver la scène ?
Qu’éprouvez-vous avant, pendant et après un concert ?

Même si on y a toujours une certaine sérénité, il y a toujours une tension avant et pendant, une tension qui nous apporte une énergie et une forte densité pendant nos lives. Après les concerts c’est plus cool, car on est là pour prendre du plaisir quand même !

  

Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?

Sur la plage à Clermont Ferrand, parce que le réchauffement nous aura tous bien niqué ! (Sauf Elon Musk, il sera sur Mars pour se foutre de notre gueule) haha

 

Si je vous offre la possibilité de réaliser un vœu, lequel sera-t-il ?

Vite… la fin du monde !

 

Merci beaucoup à vous d’avoir accordé un peu de votre temps aux lecteurs de Metalleux de France !
Toute la Team vous souhaite de belles dates pour communier avec votre public !

 

Machi

 


Albums

Void of An Era

Remerciements

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Théo Sanchez

 


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