Working Klass Heroes, bienvenus dans le Wall of Dance

Working Klass Heroes, c’est un mélange de Hardcore et d’Électro qui donne furieusement envie de bouger. Nous avons rencontré Adrien « le double », chanteur de la formation, pour parler de leur deuxième album, « No Excuses, no Remorses », sorti cette année.
Pour commencer, est-ce que tu peux nous faire un petit résumé du parcours du groupe.
La formation a été créée en 2010 avec le line-up de base dont je ne faisais pas partie. Il y a eu un premier album. Ensuite je suis arrivé en 2019 pour le nouveau line-up, avec nouveau chanteur et nouveau bassiste. Et à partir de là, on a travaillé sur le nouvel album, « No Excuses, no Remorses », et on est assez contents du résultat final, on a fait exactement ce qu’on voulait faire donc c’est plutôt une bonne chose.
Comment tu décrirais la musique du groupe à une personne qui n’écoute pas du tout de metal et donc qui n’a aucune référence en la matière ?
Ah, c’est assez compliqué (Rire)… En fait on ne s’est rien refusé, dès qu’on avait des idées, à partir du moment où il y avait l’alchimie, que ça fonctionnait, qu’on se faisait plaisir, on y allait franco. Donc on va dire que c’est un mélange d’indus, de hardcore, avec de l’électro et une petite touche de dance 90 – on ne renie pas ses origines – et du coup ça fait un bon mélange où on arrive aussi bien à faire du rentre dedans que du festif. Généralement sur scène on s’amuse bien et dans le public aussi…
Oui, effectivement c’est vrai qu’il y a vraiment de tout, tout en restant cohérent. Et ce qui est très sympa c’est ce côté vraiment dansant, donc je suppose que la scène doit encore apporter un plus…
Oui, c’est ce qu’on a vu quand on a commencé à défendre l’album sur scène, c’est que le public était réceptif assez rapidement, il se lâchait, il se laissait aller. On a réussi à trouver des petits jeux par ce qu’on a un morceau qu’on fait juste avant The Queen of the dancefloor, c’est King of the dancefloor, qui est un morceau juste électro qui n’est pas sur l’album, où l’on demande au public de faire la danse la plus éclatée possible. Il y a un vainqueur qui se retrouve intronisé dans le « Wall of Dance ». Je pense que c’est nous qui l’avons inventé : c’est comme un wall of death, sauf que le vainqueur est au milieu, il commence sa danse sur le début de The Queen of the Dancefloor quand c’est un peu électro, et dès que ça part tout le monde vient le chatouiller. C’est bien sympa. On a eu de la chance, jusque-là le public a été ultra réceptif et c’est ce qui nous a donné envie d’aller un petit peu plus loin et d’aller chercher ce qu’on n’a pas, c’est-à-dire la force de communication avec Replica Promotion, avec Roger, et aussi de trouver un tourneur pour essayer d’exporter ça en dehors de Perpignan.
Tu parlais de l’ambiance, des petits jeux et tout ça et c’est vrai qu’on sent, par exemple si on prend le dernier titre de l’album, qu’il y a de la dérision, que vous ne vous prenez pas au sérieux, tout en faisant les choses bien. C’est important l’humour, le fait d’avoir du recul ?
Oui, pour moi c’est très important. L’anecdote pour ce morceau, Working Klass Ego, c’est qu’il est vraiment parti d’une blague à la base. Je me suis retrouvé seul avec le machiniste, et il a lancé un truc. Alors, voilà, je faisais le con, on faisait passer le temps en balançant des punchline, des trucs et on s’est dit : « tiens, on va l’enregistrer et le faire écouter au reste du groupe, ça nous fera passer une bonne après-midi ». Et puis finalement, de fil en aiguille, on s’est dit, « tiens, ce serait marrant », vu qu’on aime bien faire cet espèce de « cul entre deux chaises » entre l’électro, le metal, arriver à mélanger tout ça, on a pensé ce serait rigolo et totalement inattendu sur un album de metal, d’avoir un morceau comme ça, qui est un peu un truc de clubber ou on ne sait pas trop quoi…
Oui, ça fait référence à plein de titres français de styles différents…
Oui et puis finalement, même sur scène ça fonctionne pas trop mal. Surtout qu’on le fait quasiment à la fin du set, là où ça chahute beaucoup, on s’est dit « peut-être que c’est un peu risqué de faire ça quand tout le monde est vraiment à fond d’adrénaline, que ça saute de partout ». Puis finalement, non, ça s’ambiance bien, c’est rigolo, ça joue le jeu. Puis ça nous permet d’avoir une ambiance boîte de nuit sauf que la bière est toujours à trois euros et pas 15 balles (Rires).
Ah ça, c’est pas valable dans les salles parisiennes (Rires)…
Ah oui, forcément ! On va peut-être pas venir beaucoup (Rires). Chez nous c’est pas cher, ça va. Et les bières sont bonnes en plus. Du coup, pour en revenir à la question, pour moi le principal c’est de s’amuser. Si on n’arrive pas sur scène avec le sourire, si on n’a rien à communiquer, finalement les gens vont… Je commence par m’amuser moi et du coup ça se communique.
C’est vrai que ça se ressent quand un groupe est content d’être là, c’est toujours mille fois plus agréable… Pour cet enregistrement vous êtes passés par Vamacara Studio. Comment ça s’est passé ?
Alors c’est très particulier parce que du coup on a enregistré ça en plein Covid. Donc on a enregistré dans nos locaux à Perpignan et on lui a envoyé toutes les pistes pour qu’il les travaille dans son studio, puis on est restés en contact pour savoir s’il y avait des petites retouches à faire, des trucs comme ça… Chose que j’espère on ne reproduira plus jamais, parce que c’était une expérience super intéressante honnêtement mais rien en vaut se plonger complétement là-dedans dans un studio avec le mec qui va nous enregistrer et qui va pouvoir en temps réel nous donner quelques petits conseils, etc. Par exemple, chose que je referai plus, une très mauvaise habitude depuis 20 ans, c’est que j’enregistre tous les morceaux, tout le chant, d’un coup. Je fais pas de petites prises une phrase à la fois pour mettre un maximum d’intensité, parce que je pars du postulat que si j’arrive pas à le faire là, j’arriverai pas à le faire sur scène et du coup ce serait un peu tromper le public… Mais il m’a dit « non, c’est ce qu’il faut faire, comme ça tu mets un maximum d’intensité, pour moi c’est plus facile de travailler dessus. Parce que sinon tu vas t’essouffler, t’auras pas la même intensité en fin de morceau et compagnie… ». J’entends. C’est une mauvaise habitude, la prochaine fois je ferai mieux ! (Rires)
C’est vrai que le Covid a engendré des conditions particulières pour de nombreux groupes et les albums sortis pendant cette période ont forcément nécessité un peu de « bricolage ». Tout en donnant quand même de très bons résultats.
Oui, tout à fait !
Je voulais aussi te parler du magnifique clip pour Collapse…
Merci. C’est du patchwork, on a mis plein d’images…. Ça n’a rien de très original mais ça colle parfaitement au morceau. C’est un morceau qui traite du monde des influenceurs, de toutes les dérives, de notre façon d’être constamment sur notre écran de smartphone au lieu de regarder ce qui est en face de nous. Finalement, c’est aussi une auto-critique, quoi. Moi le premier je regarde aussi mon téléphone, les réseaux sociaux… y a forcément aussi un peu de ça. J’essaie tout le temps de mettre les messages en sous-texte mais forcément sur celui-là ça l’est pas, mais j’aime pas faire de politique, j’aime bien raconter de petites histoires, même s’il a toujours forcément un petit peu de sous-texte et un « message ». Mais je ne veux pas qu’il soit ultra présent, je ne veux pas que ce soit la chose principale. Le but c’est vraiment que les mélodies soient sympa, que les gens aient envie de s’éclater avec nous pendant une heure et de penser à autre chose. Justement de pas penser à la politique, au financier, à tout ça. Pendant une heure ils laissent ça de côté et on s’amuse tous ensemble. Et si en sortant de là on y repense un peu, ben tant pis. Mais au moins pendant une heure on pense à autre chose et on se met bien.
Par le passé vous avez fait des dates avec d’assez gros noms de la scène française et outre une tête d’affiche au Stade de France, quel serait votre rêve, est-ce qu’il y a un groupe dont vous adoreriez faire la première partie ?
Alors personnellement j’aimerais jouer avec Mike Patton n’importe lequel de ses projets : Faith no More, Mr. Bungle, et même Mondo Cane, mettez-moi de la variété italienne ! (Rires) Mais oui, moi c’est ma référence. J’aime sa curiosité, sa rigueur, je me retrouve dans beaucoup de choses parce que j’ai toujours aimé expérimenter plein de trucs. Dans tous les groupes auxquels j’ai participé je n’ai jamais fait la même chose. Même là, je fais quelque chose de totalement différent, j’ai appris de nouvelles choses et pour moi c’est le plus important. Cet album c’était une super expérience personnelle.
Vous avez des dates à venir ?
À partir du début de l’été mais on ne peut pas en dire plus pour l’instant. Il devrait y avoir de belles dates. On attend la confirmation mais on vous tiendra informés.
Et pour conclure, est-ce que tu aurais un petit message pour la communauté de Metalleux de France ?
Eh ben on va rester dans le consensuel : restez comme vous êtes, écoutez ce que vous aimez. C’est aussi pour moi un des soucis de la scène metal : les gens qui écoutent du hardcore vont n’écouter que du hardcore, ceux qui écoutent du thrash années 80 ne veulent écouter que du thrash années 80… C’est tellement dommage ! Et j’imagine qu’il doit y avoir pas mal de groupes qui doivent s’enfermer dans un style pour avoir cette fidélité de leur public, avoir des fans fidèles qui les suivent alors qu’ils ont envie d’essayer autre chose. Bon, après, y a l’exemple de Metallica qui a essayé plein de trucs et parfois c’était compliqué… (Rires) Mais nous on part du postulat qu’on a envie de faire les choses comme elles viennent, on a envie de s’amuser et voilà. Si on perd des gens en chemin tant pis, mais sûrement qu’on va rencontrer plein d’autres gens super et qu’on va bien se marrer.
Un grand merci à Adrien et au reste du groupe, ainsi qu'à Roger pour Replica Promotion.
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