Wegferend - Rendez-vous en Autremonde

Wegferend - Rendez-vous en Autremonde

Nous avons rencontré Wegferend entre deux gorgées d'Hydromel à l'occasion du Cernunnos Pagan Fest. Retour sur un échange tout en douceur et en élévation avec Alexia au chant et à la flute à bec, Manon à la guitare et Thomas aux percussions et au chant. Prêts à passer dans l'Autremonde ? 

Interview par Apolline & Annaëlle. 
 

Pour commencer, est-ce que vous pourriez nous dire quelques mots sur le projet Wegferend ?
Alexia : Avec Manon on voulait monter un groupe de metal symphonique quand on était ados, et puis on a décidé de lâcher les guitares électriques pour se tourner vers la guitare acoustique et on fait de la folk. Thomas nous a rejoint ensuite et le projet est né.
 
Vous auriez quelques influences à nous citer ?
 Faun (jusqu'à 2011), Dead Can Dance, Loreena McKennitt, Denez Prigent, Wardruna, Eivør, The Moon & The Nightspirit. Côté rock et metal : Opeth, Der Weg Einer Freiheit, Primordial, Moonsorrow, Emperor, Moonspell, Sólstafir, Pink Floyd…
Comment est-ce qu’on tombe dans le monde du folk ?
Manon : Par hasard pour ma part. Je me suis rendu compte que je préférais jouer en acoustique plutôt qu’en électrique et de fil en aiguille je me suis naturellement dirigée vers des sonorités folk.
Thomas : De mon côté j’ai toujours été attiré par les anciens peuples, les anciennes cultures et les anciennes musiques. A la base je suis batteur, et toutes les percussions que je joue au sein de Wegferend, j’ai appris à les jouer tout seul. Du coup, j’ai plus l’impression de lâcher prise avec ces instruments et de moins être dans ce que j’ai appris à faire.
Quelle est la signification du nom Wegferend ?
Alexia : Quand on a fondé le projet, je tenais à ce que le nom du groupe ait un sens qu’on ne puisse pas comprendre de prime abord. Wegferend ça veut dire voyageur en vieil anglais. Ça colle parfaitement à notre musique, de plein de manière différentes, on parle de plein de cultures et de lieux différents, on écrit dans plusieurs langues, on essaye de transporter l’auditeur aussi. En plus je voulais un mot qui soit joli.
Est-ce que vous voulez porter un message en tant que groupe ?
Thomas : On ne se considère pas comme un groupe à message en tant que tel. Ou en tout cas, s’il y a un message central à Wegferend, il est plutôt ineffable.
Alexia : L’intérêt c’est que chacun va recevoir notre message à sa manière.
Vous avez ouvert pour Garmarna et Saor l’année dernière. Comment est-ce que cette opportunité s’est ouverte pour vous, et surtout quel effet ça fait pour une formation en devenir d’ouvrir pour de tels noms ?
Thomas : Ca fait plaisir ! Ensuite, on doit beaucoup à deux belles assos toulousaines : Noiser puis Blue Neko et Black Speech à Nantes. Ils nous ont vraiment permis d'accéder à ces magnifiques opportunités ! Egalement le fait qu'on se tient prêt et disponibles rapidement et au bon moment, pour Saor par exemple !
Alexia : C’est de la chance et de la malchance aussi pour Sylvaine, car on n’était pas sensés faire cette ouverture. Sylvaine est tombée malade à ce moment-là, donc on l’a remplacée.
Du coup ce serait quoi la première partie que vous aimeriez faire ? Et plus largement, votre but en tant que groupe à aujourd’hui ?
Thomas : Première partie de Loreena McKennitt, Wardruna et Heilung. Plus largement, pouvoir faire des dates dans des chouettes endroits, être contents de le faire et rendre les gens heureux !
Alexia : Pour moi, première partie d’Eivør ? Et j’adorerais jouer au Castlefest aux Pays-Bas.
Sur votre set au Cernunnos, vous avez proposé des titres dans quatre langues différentes. Est-ce que vous voyez les langues comme un instrument de musique ?
Thomas : L’Occitan c’est une langue qui m’a toujours tenu à cœur, que j’ai perdu un peu de vue pendant un temps mais que je parle depuis que je suis enfant. Il y a eu un moment dans ma vie où j’ai eu besoin de réancrer avec mes racines, mes origines, et donc de l’Occitanie en grande partie. Le titre en Occitan a plusieurs niveaux de lecture, mais c’est un titre très personnel qui est issu d’un rêve à la base, et c’était évident qu’il fallait l’interpréter en Occitan. Et oui, effectivement, je pense que l’emploi de plusieurs langues joue sur la musicalité du projet.
Alexia : De mon côté, j’adore l’anglais. Je trouve que cette langue correspond plus à ma personnalité et à la manière dont j’ai envie de m’exprimer. C’est une langue qui permet de parler des émotions, des sentiments, autant de choses qui me manquent en français. Peut-être aussi que de parler une langue étrangère permet d’avoir une sorte de canal qui me permet, car je parle assez peu, d’exprimer plus de choses. Quand je compose, je me tourne généralement vers le français pour des titres plus narratifs, alors que l’anglais me vient naturellement sur des titres plus portés sur les émotions.
Thomas : On utilise aussi un mantra en sanskrit. C’est l’histoire d’un être spirituel qui a changé la vie du peuple tibétain il y a plusieurs siècles. C’est un voyage au Tibet qui m’a inspiré cette ouverture à la spiritualité, à cette forme de sagesse.
Est-ce qu’il y a un titre que vous affectionnez plus particulièrement que les autres, et pourquoi ?
Manon : Je les aime tous ! Mais en particulier, le premier de notre premier EP, Nothing But The Rain et le premier de notre album, Gedim. Nothing But The Rain m’est sorti des doigts tout seul. Je déteste composer et sortir un riff en me disant « ouais il est bien ». Juste bien, sans ressentir « le truc », ça me va pas et je ne garde pas. Du coup, je compose super lentement. Et ces deux morceaux en particulier, ils m’ont vraiment fait ressentir ce coup de cœur. Pour Gedim ça a été pareil, et en plus c’est le même accordage, il y a peut-être un truc à creuser de ce côté-là !
Thomas : Padmasambhava, L’Ost Est en Marche… c’est dur de choisir. Après, les deux morceaux les plus personnels, parce que j’en ai écrit le texte ou la musique, ils se trouvent sur le nouvel album. Ce sont Jos L'Uèlh De La Breissa et En Autremonde. Le premier titre a plusieurs niveaux de lecture. En Autremonde clôt l’album. C’est le point final de l’histoire qu’on raconte dans cet album. C’est l’histoire de quelqu’un qui laisse sa vie de misère derrière lui pour aller vers l’Autremonde, une vision beaucoup plus éthérée. C’est une métaphore du fait de laisser ses anciennes blessures derrière pour devenir quelqu’un de plus léger et serein.
Alexia : De mon côté, si je devais n’en choisir qu’un ce serait The Wayfarer du nouvel album. Les paroles de ce titre me sont venues naturellement, j’avais besoin d’exprimer ces émotions à ce moment-là, et ça rejoint l’idée de l’Autremonde, de se débarrasser de ce qui te pèse et qui t’empêche de t’envoler. J’ai toujours cette image mentale d’une personne qui se tient au bord d’une falaise et qui implore les éléments de la prendre afin de ne plus être un humain perdu dans une société au sein de laquelle il est difficile de trouver sa place. En tous cas, c’est comme ça que je ressens ce morceau, mais libre à chacun de le recevoir de la manière dont il en a besoin.
Vous avez récemment signé chez Mors Ultima Ratio. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration ?
Thomas : On jouait à l’Ecluse Saint Pierre à Toulouse en mars 2022 et c’est une amie à nous qui a dit au directeur du label de venir. Et à la fin du concert, le label nous a dit qu’ils étaient intéressés. A ce moment-là, on avait déjà pas mal de projets en cours qu’on voulait laisser décanter. Mais quelques mois plus tard, on a repris contact et ça s’est fait comme ça.
Vous parliez un peu plus tôt de votre vision de la société, ça nous interroge sur votre conception du rôle de l’artiste aujourd’hui. Vous vous considérez plutôt comme dénonciateurs face à une société en péril ou marchand d’une bulle d’oxygène qui permet aux gens de profiter d’un peu d’utopie et d’évasion ? Et parallèlement, est-ce qu’aujourd’hui la vision de l’artiste torturé par son vécu tumultueux a encore sa place ?
Alexia : Pour moi, c’est les deux. Je pense qu’en tant que groupe, on n’a pas vraiment de message, donc on va clairement proposer cette bulle d’oxygène au public. Mais sur le plan personnel, c’est vraiment un vecteur d’émotions et de lâcher-prise. Et je ne considère pas qu’il faille avoir vécu des épreuves terribles pour avoir quelque chose à dire.
Manon : Chacun passe par des moments difficiles à son niveau. Même quelqu’un qui n’aurait aucun problème pourrait avoir quelque chose à exprimer !
Thomas : Tout le monde a quelque chose à dire, mais pas de la même façon. De la même manière, tu n’écoutes pas Eivør comme tu écoutes Amenra.
Votre premier EP est sorti en 2019, le premier album est prévu pour avril. A quoi doit-on s’attendre avec cet album ? Sera-t-il très différent de l’EP ?
Thomas : Déjà on reste sur de la folk, donc stylistiquement on n’est pas dépaysé. Après, il beaucoup plus complexe et riche voire plus tortueux, il y a plus d’instruments… En fait, il faut s’attendre à plus. La production est plus large et plus organique. Après, et c’est pour cela qu’ils portent respectivement les noms de Chapitre Premier et Chapitre Second, les deux résultent d’une même phase de compo qu’on a interrompue pour sortir le Chapitre Second, et qu’on reprendra une fois qu’il sera sorti pour aller vers autre chose.
Ça se passe comment le processus créatif au sein de Wegferend justement ?
Thomas : Parfois c’est en répétition qu’on créé des titres tous ensemble. La plupart du temps c’est Manon qui porte énormément de squelettes de morceaux avec des idées de riffs. Parfois c'est moi également grâce à la mandole. Mais on travaille vraiment tous les trois et surtout autour des riffs de Manon.
Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de votre nouveau clip, Holy Ghost ?
Thomas : C’est un clip qui s’inspire de la vie de Savonarole, moine florentin du 15ème. Globalement, ce clip est une dénonciation de l’emprise des dogmes et du fanatisme sur les masses. C’est un titre qui se veut assez vindicatif.
Finalement, il y a quand même des choses qui vous énervent ?
Thomas : Oui, forcément. La pochette de l’album c’est une mégalopole qui est éclatée et l’âme d’une personne qui passe dans un monde luxuriant de végétation. Je pense que ça résume tout.
Alexia : Tous les trois on aime la nature, la liberté au sens large, et je pense que c’est entre autre ça l'Autremonde.
Des dates de prévues prochainement ?
Thomas : Echos et merveilles en mai. Probablement une release party à prévoir également.
C'est déjà l'heure du mot de la fin !
Merci de nous soutenir, n’hésitez pas à jeter une oreille à notre album et continuez à écouter de la musique !

 


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