Succombez à Last Temptation

Last Temptation a sorti cette année un deuxième album aux sonorités toujours aussi hard rock, qu’ils défendent sur scène avec une énergie et une bonne humeur communicatives. Nous avons eu le privilège de rencontrer Peter Scheithauer, guitariste et fondateur du groupe, ainsi que l’incontournable Butcho Vukovic, la voix de la formation, qui nous ont reçus avec une infinie gentillesse et avec lesquels nous avons partagé d’excellents moments.
Pour commencer, pouvez-vous nous rappeler un peu la genèse du groupe ?
Peter : En 2010, j’ai fait un autre projet avec Butcho, on a commencé par là avant de faire Last Temptation.
Butcho : On l’avait développé pendant des années…
Peter : Oui, mais c’était un peu différent. Et je commençais à avoir des riffs qui n’allaient pas avec le projet. J’ai envoyé ces riffs à Bob Daisley à la base, pour faire un autre album de Stream, et Bob me dit : « il faudrait un chanteur qui soit pas le usual suspect », qui soit pas Joe Lynn ou quelqu’un parmi les gens qu’il connaissait, il n’avait pas envie. Et j’ai donc envoyé à Butcho qui en trois jours m’a renvoyé des titres. Et Bob me disait : « il faut quelqu’un d’un peu original ». Et il a écouté les démos de Butcho et il m’a dit : « voilà, c’est un peu l’originalité d’un jeune Ozzy, mais qui chante juste ». Et là on a fait Last Temptation, dont le premier album est sorti en 2019.
Butcho : Mais il y a eu beaucoup de temps pour composer, pour trouver des idées, l’orientation… c’était assez long. Mais une fois que c’est parti, c’était très rapide après. Toutes les compos se sont faites très rapidement.
Oui, ça fait deux albums en trois ans…
Butcho : Et encore, on aurait pu faire… on a repoussé d’un an la sortie du deuxième album à cause du Covid.
Peter : Tout le monde disait : il faut quand même le sortir. Je disais : mais ça sert à rien. On va pas tourner avec, c’est juste un album qu’on va foutre à la poubelle.
Butcho : On avait fait quarante morceaux sur le deuxième album, donc on pouvait faire trois albums en fait. Et tout ça, c’est jeté. On en a choisi que onze. Tout le reste, poubelle !
Vous ne gardez pas pour plus tard…
Peter : Rien.
Butcho : Là on est sur le troisième, on a déjà composé 16, 18 morceaux. Mais y en a pas assez. On va encore composer une dizaine de morceaux pour qu’on soit vraiment très larges. On n’est pas du tout radins au point de vue compos. On s’en fout, on écrit, on compose, on choisit les onze meilleurs. Le reste, poubelle, terminé. On n’est pas du genre : oh, putain, il nous reste encore combiens de morceaux à faire, oh, encore un, c’est galère ! Non, non, y a pas de galère du tout.
Vous êtes créatifs…
Butcho : On touche du bois !
Et donc, cette tournée avec Ayron Jones, comment est-ce qu’elle est née ? D’où est venu le projet ?
Peter : On avait fait deux dates en juin, on travaille pour Matthieu Drouot, on avait fait Scorpions également et il nous a dit : « on peut faire deux concerts avec Ayron ». Ça s’est super bien passé. Et quand est arrivé novembre il nous a proposé la Cigale, c’était sporadique, on aurait pas dû faire toute la tournée, et en fait l’agent d’Ayron Jones a insisté pour qu’on fasse toute la tournée.
Donc ce n’était pas prévu au départ…
Peter : Voilà. Quelques dates, mais pas tout.
Butcho : D’ailleurs on a même annulé les dates avec Skid Row…
Peter : On avait cinq dates allemandes avec Skid Row.
Butcho : Et on a choisi plutôt Ayron Jones. Même si j’avoue j’adore Skid Row, j’aurais bien voulu les voir, jouer avec eux.
Une prochaine fois peut-être ?
Butcho : Oui… surtout que le nouveau chanteur déchire.
La pochette du deuxième album est vraiment très sympa, comment a-t-elle été conçue ?
Peter : En fait, la pochette, comme Butcho l’a dit, elle reflète – alors qu’on l’avait prévue bien avant – ce qui se passe récemment avec la mort avec la pompe à essence… Et pourtant on ne savait pas. Donc on se méfie déjà de la prochaine pochette… (Rires)
Butcho : On a peut-être des dons de prémonitions…
Peter : Et comme Butcho est quelqu’un de très dark dans ses paroles…
Butcho : Je pourrais faire du black metal… Très facilement…
Peter : On va éviter les titres comme nuclear holocaust (Rires)… pour la première pochette, on avait une tatoueuse qui avait fait un concept de la carte…
Butcho : Un peu carte de tarots, tu vois…
Peter : Et on aimait bien le personnage mais on allait par refaire une carte et on voulait que ça reste graphique. Donc, petit à petit, c’est venu… la mort, tout ça. Par rapport au tarot, mais sans être le tarot. Et donc c’est devenu plus symbolique, avec la pompe à essence. Fuel for my soul. La mort prend les âmes. Sans les âmes, il n’y a pas de mort et inversement. Donc l’un nourrit l’autre et en même temps ils se détruisent. D’où le cigare avec l’essence, prêt à faire tout péter.
Butcho : Et en plus, graphiquement, c’est joli. Même les gens qui n’aiment pas ou qui ne connaissent pas ont envie d’acheter le t-shirt parce qu’il est beau…
Oui, y a un petit côté rockabilly dans l’esthétique…
Butcho : Un truc simple mais qui tape bien à l’œil. C’est très important le visuel. La preuve, un groupe qui marche bien : Ghost. C’est basé sur le visuel… Pourtant ils ne font pas de metal, ils font juste de la pop. Mais, c’est très bien, hein, j’adore Ghost, mais c’est pas du metal. La première fois que j’ai écouté Ghost, j’ai pensé à un groupe allemand de pop qui chantait « You’re my heart, you’re my soul ».
Modern Talking…
Butcho : Oui, voilà ! Leur première chanson me faisait penser à Modern Talking dans l’esprit…
Il manque juste la choré…
Peter : On va l’imaginer comme ça maintenant (Rires).
Butcho : Écoutez « You’re my heart, you’re my soul » et mettez le clip de Ghost… (Rires)
Après tu peux peut-être leur donner des cours de danse, car tu as un petit déhanché qui est pas mal du tout…
Butcho : Oui, c’est mon côté funky ça… (Rires)
Donc, côté projets, là le troisième album est bien avancé du coup…
Peter : Oh oui.
Une idée de la date de sortie ?
Butcho : On espère en mai. Mais nous ce sera fini depuis bien longtemps, c’est sûr. Après la sortie ne dépend pas totalement de nous.
Peter : Non, c’est en fonction du label mais ils ont besoin d’au moins trois mois pour la promo et tout ça avant la sortie.
Butcho : De toute façon, là, dès que la tournée est terminée, tout de suite on rattaque dix nouveaux morceaux, pour en avoir plein, et après on choisit.
Peter : On en a déjà 6-7 qui sont sélectionnés.
Butcho : Mais c’est pas assez.
Comment choisissez-vous les morceaux que vous gardez ?
Peter : Ben on fait les démos, on les donne au groupe, chacun donne son avis et après on fait un recoupage pour voir quels sont les morceaux qui ressortent.
Butcho : Et si on a tous les 4 choisi un même morceau, celui-là est sélectionné d’office.
Et les paroles sont déjà écrites à ce moment-là ?
Butcho : Ah oui, moi j’écris tout là. Tu te rends compte, j’ai écrit 40 textes, alors que j’aime pas écrire (Rires), on en a sélectionné que 11 et le reste, hop, dégage !
C’est plutôt rare… Certains groupes composent plus mais mettent de côté les compos pour plus tard…
Peter : Non, en fait, le truc c’est que… Notre concept, surtout au niveau des riffs, au moment où je les compose, c’est le packaging de la vibe du moment, un instant T. Dans 7 mois, j’aurai plus tout ça, donc même si j’essaie d’ajouter des titres à ça, ça va pas être la même chose. C’est pour ça que le prochain album sera encore différent du deuxième, qui est déjà différent du premier.
Et au sein de chaque album, chaque titre a une atmosphère particulière…
Peter : Oui. C’est pour ça que ce qu’on a pas utilisé, on le jette.
Butcho : Et le premier album avait été composé différemment parce que c’était vraiment par fichiers, quoi. Les gens étaient aux États-Unis ou en Australie ou un peu partout. Donc, on s’est pas vus physiquement pour le faire. C’est pour ça qu’il sonne un peu différent de celui-ci. Celui-ci est plus live, il a été enregistré live.
Peter : Et le prochain aussi…
Butcho : C’est notre méthode de travail. On a la chance d’être rapides et efficaces. Par exemple, les 16 morceaux qu’il m’a envoyés pour le deuxième album, en 2h30, j’ai fini les lignes de chant. Pour chaque ligne de chant, je mets directement « enregistrer ». Je télécharge mon fichier, je mets « enregistrer » direct et je chante ma ligne de chant en yaourt. Et, en général, c’est tout de suite la première. Donc, ça va très vitre. Une fois que j’ai terminé, j’ai ma ligne de chant couplets et refrains et hop, je passe au deuxième, pareil. Et après je reviens, j’écoute, et je dis : « ouais, là c’est bien, ah tiens, là, je vais peut-être changer ça… » Je change des petits détails après, et puis voilà.
Du coup ça fait un truc super spontané, et ça se ressent à l’écoute, tout sonne naturel.
Butcho : Carrément.
Peter : Ben déjà, quand on enregistre, que ce soit basse, batterie, guitare, c’est déjà live, et y a pas de copié-collé, on le joue. Le problème de certains albums de maintenant c’est qu’on va faire une rythmique, puis on va la prendre et la mettre partout, sur tout le morceau. C’est très stérile. Alors c’est sûr que ça donne un son beaucoup plus proche de la techno, c’est plus clean, mais nous ce qu’on veut c’est jouer comme en live. Que les gens retrouvent ce qu’il y a sur l’album en concert. On vient de cette « vieille école », Kiss, Led Zeppelin, Black Sabbath, qui enregistraient sur des bandes 2 pouces, et si tu te plantes, ben tu recommences, quoi.
Butcho : Donc nous on est restés à l’ancienne, quoi. Sauf qu’on utilise les technologies modernes. C’est pareil pour mon chant, y a pas le copié-collé du refrain. Je recommence tous les refrains à chaque fois, tous les chœurs je refais d’autres chœurs. Y a pas de copié-collé. Puis là, pour le deuxième album, le mec qui nous a enregistrés était bien relou avec moi… il me faisait recommencer alors que moi je pensais que c’était bon. J’ai recommencé je sais plus combien de fois. Au bout d’un moment j’étais en mod pilotage automatique, genre : « c’est bon ? ». Il me disait : « non, c’est pas bon, on recommence ». « Là, c’est bon ? » « Oui, c’est bon »… Pour moi, les prises étaient pareilles (Rires). Mais au final, le résultat est bien.
Et donc, dans l’optique, y aurait une tournée à l’automne prochain ?
Peter : Oh, avant ça, dès avril !
Ah, super. Il y a déjà des dates qui sont fixées ?
Peter : Oui, on est en pourparlers mais on peut pas trop en parler… mais oui, sauf surprise Covid, on sait pas. Ou on va trouver autre chose…
Butcho : Guerre nucléaire…
Attention à la pochette d’album, hein !
Peter : Ce sera un masque à gaz (Rires). Pour en revenir aux dates, y a des gens avec qui on a joué, et on espère rejouer avec.
Donc ce serait plutôt des premières parties que de la tête d’affiche ?
Butcho : Je sais pas encore, tête d’affiche, on est encore…
Peter : On n’est pas encore trop chauds, quoi. Bien sûr, il faudra… En 2023 il y aura des shows en tête d’affiche, mais dans quelques temps.
Butcho : Ça met du temps à développer un groupe, et on est en voie de développement.
Peter : Enfin, on est plus en voix du tout ! (Rires) [Peter et Butcho avaient tous les deux attrapé un coup de froid le jour de l’interview et avaient un peu la voix éraillée…]
Merci infiniment à Last Temptation pour leur formidable accueil ainsi qu’à toute l’équipe du File 7 de Magny-le-Hongre.
Orsola G.
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