Slipknot - The End, So Far

Slipknot - The End, So Far
Genre : Pays : Label : Sortie :
Nu metal USA
Roadrunner Records
30 Septembre 2022
Note finale : 7 / 10

 [01 Novembre 2022]

Il est de ces groupes du metal moderne qui n’entrent pas dans la catégorie des « légendes », mais probablement plus par manque de recul temporel que par un manque de qualité dans les productions. C’est en tout cas l’opinion que l’on peut légitimement se faire de Slipknot, masters d’un nu metal singulier et souligné d’une des plus belles voix de la discipline en la personne de Corey Taylor.

Dans ce cadre, on comprend bien que The End, So Far était attendu au tournant. Ne perdons pas de temps et jetons-nous corps et âmes dans la nouvelle production des géants de l’Iowa.

Comme nous le disions en intro de cette chronique, Slipknot fait partie de ces groupes dont la patte est instantanément reconnaissable, dès les tressaillements d’une mélodie, les premiers frottements de guitare et les premières inspirations vocales. Enfin, ça, c’est la théorie car « Adderall » nous déroute complètement. Impossible d’identifier la moindre nuance nu metal, dans ses rythmiques enragées comme dans sa mélodicité. Ce titre jouerait presque la carte d’une ambiance jazzy et quasi-mystique. Un parti pris osé dont on ne pourra juger la pertinence qu’au fil de The End, So Far.

Retour sur les rails avec « The Dying Song (Time To Sing) » qui, cette fois, ne laisse aucun doute sur le fait que nous ayons passé les portes de l’antre de Slipknot. L’attaque est énergique et énervée, le refrain en voix claire est catchy et plus aérien, somme toute, on navigue dans des eaux familières.

La voix ténébreuse de Taylor ne nous laisse pas indifférents au démarrage de « The Chapeltown Rag ». Ce morceau tire nettement vers des influences death sombres et rageuses. Les rythmiques sont incisives et nous inspirent quelques élans de violence. On notera même un joli décrochement de type breakdown en clôture de morceau qui ne rend pas service à nos cervicales.

« Yen » est mystique. Les premières secondes plantent le décor d’une balade nocturne, dans des bois inquiétants et apaisants à la fois, sous un clair de lune aveuglant. C’est en tous cas l’effet que nous fait le début de ce titre, à mi-chemin entre la balade et le début d’un hybride de nu metal et de metalcore bien pensé. On s’arrête quelques minutes pour s’imprégner de ces paroles extrêmement bien pensées, découlant d’un parallèle évident entre la mort et l’amour, la fin de soi lorsque l’on s’attache à un autre être. Du romantisme à l’ère de Slipknot, ou le talent de mettre des mots crus et cinglants de vérité sur un sentiment universel. Ce titre est d’une pertinence et d’une beauté frappantes.

Le sentiment horrifique que peuvent provoquer certains sons distordus tirés tout droit de souvenirs d’enfance n’est plus à démontrer. A l’image des films d’horreur qui ont certainement dû bercer l’enfance des gars de Des Moines, « Hive Mind » s’ouvre sur une version obscure des mélodies que l’on entend dans les carrousels de fête foraine.  Le malaise s’installe, jusqu’à ce que la guitare, saturée à bloc, ne vienne nous sortir de ce sentiment oppressant. Slipknot ne se contente pas de poser ses morceaux dans une énumération dénuée de sens. Les liaisons sont recherchées, l’atmosphère est construite titre après titre, c’est presque comme si quelqu’un nous prenait la main pour nous guider à travers les méandres de The End, So Far. « Hive Mind » nous offre une ouverture sur une personnalité sombre et fortement perturbée. Bref, vous l’aurez compris, ce titre ne laisse pas indemne !

« Warranty » renoue avec un schéma plus classique de ce que l’on peut attendre de Slipknot. On a envie de scander les paroles comme des lions déchaînés dans la fosse, et ça nous semble être un bon symptôme d’un titre réussi !

Décollage pour l’espace intergalactique. « Medicine for the Dead » est mystique, envoutante. La vibration est autrement plus metal alternatif que nu metal et nous surprend de bout en bout. On pourrait trouver un bémol, s’il le fallait, sur le caractère légèrement répétitif des paroles, mais c’est franchement parce qu’on s’impose l’exercice de l’objectivité !

« Acidic » nous replonge dans une ambiance moite et angoissante de sous-sol à peine éclairé. Cette fois, on penche dans une atmosphère jazzy-blues dopée et étonnamment lascive. Slipknot nous révèle une facette osée sur un titre particulièrement bien réalisé, qui ne laisse pas indifférent, et ce, que la balance penche vers le coup de cœur ou le rejet total.

Revoilà les rythmiques sauvages qui ont fait la légende de Slikpnot. « Heirloom » est un titre qui fonctionne bien, on ne trouve pas beaucoup plus à redire à son sujet.

Un petit coup de sang ? Besoin de lâcher la haine qui coule dans les veines ? Tournez le volume à fond et lancez « H377 ». Un concentré de rage pure posée sur un phrasé rappé et presque jeté à la tête de qui voudra bien l’entendre. On aime la personnalité de ce morceau qui s’affranchit de toute mélodicité pour lâcher un shot d’émotion incoercible.

« De Sade » est ténébreuse, mystérieuse. Une déclaration portée par la sublime voix de Corey Taylor dans toute sa splendeur. 

C’est l’heure de se quitter. La bien nommée « Finale » vient sceller The End, So Far. La fin de cet album semble répondre à son intro, tant par son caractère inopiné que par son ambiance totalement extra-slipknotienne si on peut l’appeler ainsi. On croise tout de même plus de nuances familières qu’au sein d’ « Adderall », bien que la présence de chœurs lyriques nous laisse pantois. Ce titre reste une réussite, une note d’espoir pour clôturer un voyage à travers les méandres d’une formation qui évolue, se réinvente et assume une personnalité complexe et aux multiples visages.

Comment conclure un tel voyage ? The End, So Far est un album singulier. On y navigue entre des eaux familières et des territoires inexplorés. Slipknot nous a exposé certains recoins de son âme à vif et on aime l’idée de l’expérimentation assumée, tout en nous rassurant avec des titres signés et réconfortants. Finalement, on peut se laisser porter par Corey Taylor et sa bande, le voyage sera turbulent, mais la surprise fait aussi partie du voyage, reste à savoir si on accepte de s’en remettre à l’inconnu pour l’apprécier davantage !

AnnaHell

Track list

Adderall 

The Dying Song (Time To Sing)  

The Chapeltown Rag  

Yen  

Hive Mind

Warranty

Medecine For The Dead

Acidic  

Heirloom

H377

De Sade

Finale  

Line up

Shawn "Clown" Crahan (Percussions, choeurs)

Craig Jones (Guitare, synthé)

Mick Thomson (Guitare)

Corey Taylor (Chant)

Sid Wilson (Clavier)

Jim Root (Guitare)

Jay Weinberg (Batterie)

Alessandro "Vman" Venturella (Basse)

 


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