Rammstein - Zeit

Rammstein - Zeit
Genre : Pays : Label : Sortie :
Industriel
Allemagne
Universal
29 Avril 2022
Note finale : 9/10

 

« Feuer Frei! », « Du Hast », « Reise, Reise », « Ohne Dich », « Amerika». Oui, c’est ça notre intro, pas besoin d’en dire beaucoup plus, sinon à lister toute la discographie des géants allemands, qui du haut de leur 28 ans d’existence, nous proposent un nouvel album, Zeit.

Zeit s’ouvre sur « Armee der Tristen », un appel à rejoindre Rammstein dans une marche qui semble éternelle et désespérée. Le morceau est empreint d’une mélancolie certaine, sans trahir l’identité d’un Rammstein qui joue la carte de la modération pour l’ouverture de ce nouvel album. Il est impressionnant de constater que dès les premières secondes, même à l’aveugle, on reconnait la patte des géants allemands. Ça mérite d’être salué après 28 ans d’existence et de règne !

« Zeit », premier titre à être sorti de l’album éponyme, s’affiche en douceur, sur un duo piano voix planant. La tension monte progressivement au fil du morceau et du discours de Lindemann sur l’inéluctable passage du temps. La rythmique lourde, puissante envahit tout l’espace, soutenue par ces riffs si caractéristiques de Rammstein. Impossible de ne pas évoquer le travail incroyable réalisé sur le clip de ce morceau, entre mélancolie, scénographies que l’on voudrait imprimer tant elles sont sublimes et images plus crues et intenses, les Allemands nous prennent au dépourvu. Rien de surprenant n’est-ce pas ?

« Schwarz » se démarque davantage par son travail sur des paroles, que l’on attribuerait volontiers à un poème, que par l’instrumentalisation en elle-même. Ce titre peine à faire sa place au sein de Zeit. Il lui manque un peu de couleurs…  

On s’était un peu trop laissés embarquer dans des mélodies lancinantes sur ce début d’album, vous ne trouvez pas ? Pas de panique, « Giftig » vient nous faire swinger ! La rythmique est plus vive, entrainante, nous renvoyant à de glorieux souvenirs du Rammstein de la grande époque. On entend très nettement la patte de Lorenz dans ce morceau. Vous avez remarqué la présence d’une phrase prononcée à l’envers dans ce titre ? Allez, on vous laisse chercher et nous donner votre avis sur la présence volontaire ou non du N-word qui s’y cache !

Qu’entend-on au loin ? « Link 2 3 4 » sous calmants ? Ah non, c’est « Zick Zack » qui démarre !  Vous n’êtes probablement pas passés à côté du clip de ce titre qui démontre une nouvelle fois le talent satirique de Rammstein. Critique du dictat de l’apparence, « Zick Zack » est LE titre de Zeit qui affirme l’identité du groupe, celui qu’on aurait pu retrouver dans un Reise, Reise par exemple. Lindemann déploie sa voix de tête et se pose sur une instrumentalisation axée sur une rythmique chargée à bloc et ce petit quelque chose de Lorenz qui change tout.

« OK » prend le parti d’une rythmique plus rapide, battante. Les fantaisies à la guitare donneraient tantôt un côté rockabilly à ce titre, tantôt une poussée très metal. Ne faisons pas traîner le suspens plus longtemps, Rammstein s’est approprié le OK que nous connaissons tous en qualité d’acronyme pour « Ohne Kondom », entendez « Sans préservatif ». Ah, la poésie ! Le vice est poussé jusqu’à scander ces deux mots façon chœurs religieux au début du titre. On salue l’audace, deuxième nom de Rammstein. Le contenu des paroles est éminemment érotique, évidemment !

A bas les frivolités. « Meine Tränen » prend le contrepied avec un discours poignant d’un Lindemann presque larmoyant sur la maltraitance. Ce titre est une belle démonstration de la maîtrise des mots offerte par Rammstein. Un puits de délicatesse verbale en accord avec l’ambiance instrumentale, mais en totale contradiction avec la violence du sujet.

On a pris un coup dans l’aile avec « Meine Tränen ». Ne mentez pas, on voit vos yeux briller d’ici. Allez, on respire et on repart. « Angst » s’ouvre sur ce qui s’apparente à des chants de guerre. Ce titre est violent, le genre qui te donne envie d’éclater à peu près tout ce qui se casse à coup de battes. On y retrouve un Lindemann qui semble au bord de la rupture, une performance vocale qui n’est pas sans rappeler « Puppe » (Rammstein). Ce titre est le troisième à se voir offrir un clip.

La puissance semble être le nouveau fil rouge de Zeit. « Dicke Titten » s’amorce avec une intro musicale de type fanfare old school. Nous, on transpire un peu à la vue de l’historique de navigation de nos PC qui commence à prendre une tournure… spéciale. Revenons à nos sei… Euh moutons, oui, c’est ça. Ce titre est une dénonciation du sexisme, quasi armée de mots aussi crus que les comportements ont pu l’être il n’y a pas si longtemps de cela envers les femmes. On fera alors le rapprochement avec la fanfare, qui semble venir d’une autre époque, une époque où on affichait les femmes en position de soumission face à leur mari sur les pubs Van Heusen. Alors oui, ce titre est hard, sans filtre, mais est-ce que ça ne serait pas le meilleur moyen de dénoncer des comportements abusifs que de les mettre en lumière de cette manière ? Vous avez quatre heures.

« Lügen » s’apparente à la balade de Zeit. Musicalement, c’est puissant et mélodique, un joli combo que maîtrise parfaitement Rammstein depuis longtemps déjà. Et encore une fois, les paroles sont d’une profondeur rare. Portrait d’un homme qui promet le sel au baiser de sa bouche, le miel à sa main qui touche cette femme, mais qui bien vite s’avoue que tout cela n’est que mensonge. Tout ce qu’il dit n’est que baliverne, comme s’il déformait la vérité systématiquement jusqu’à ne plus se croire lui-même. On espère que la distorsion de la voix de Lindemann est une transposition tangible de cette déformation, car c’est quand même un choix artistique assez douteux qui fait légèrement saigner les tympans.

C’est déjà l’heure de se quitter, et quelle meilleure manière de le faire que sur un titre nommé « Adieu ». La rythmique est lancinante, la patte de Rammstein assez peu évidente sur les premiers riffs. Le morceau se déroule en douceur, une jolie sortie de Zeit !

Que dire ! Cet album est magistral ! Zeit est une nouvelle affirmation du règne de Rammstein sur le metal industriel, et sur le metal au global. Puissance, mélodies, ironies, satires, dénonciations… Tout le cocktail magique qui fait de Lindemann et sa bande ce qu’ils sont est au rendez-vous pour le plaisir des oreilles et le désespoir de la nuque. Côté coup de cœur, on se prononce pour Angst et son riff déjà légendaire chez nous ! Zeit ne détrônera probablement pas un Mutter ou un Reise, Reise, mais s’affiche comme digne héritier, plus ancré dans l’identité du groupe qu’un Rammstein !

AnnaHell

Tracklist

  1. Armee der Tristen
  2. Zeit
  3. Schwarz
  4. Giftig
  5. Zick Zack
  6. OK
  7. Meine Tränen
  8. Angst
  9. Dicke Titten
  10. Lügen
  11. Adieu
3:26 5:22 4:18 3:08 4:04 4:04 3:57 3:45 3:39 3:50 4:38

Lineup

Till Lindemann (Chant)

Richard Zven Kruspe (Guitare)

Paul H. Landers (Guitare)

Oliver Riedel (Basse)

Doktor Chistian "Flake" Lorenz (Clavier)

Christoph "Doom" Schneider (Batterie)

 


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