Memphis May Fire - Remade In Misery

Genre : Pays : Label : Sortie :

Metalcore
USA
Rise Records
03  Juin 2022

Note finale : 8 / 10

 [02 juin 2022]

De retour avec un septième album en 16 ans d’existence, la formation originellement nommée Oh Captain, My Captain nous propose sa vision de ce qui nous définit en tant qu’humains. Remade In Misery est une ode à ceux qui n’ont pas été épargnés par les épreuves, qu’elles soient physiques ou psychologiques, assenées par des proches ou plus intimes. A travers ces onze titres, Memphis May Fire navigue entre le constat amer des relations humaines toxiques, la désillusion, la douleur… Autant de choses que Matty Mullins a expérimenté et partagé avec les fans de la formation américaine.

L’ouverture est aussi percutante qu’on est en droit de l’attendre des pontes du metalcore. « Blood & Water » est un titre très personnel portant sur des épisodes douloureux de la vie de Matty Mullins. « Bleed Me Dry » semble avoir été construit dans le même état d’esprit. Entre règlement de compte et abnégation, ces morceaux symbolisent la rupture avec son bourreau, le détachement d’un rocher qui attire toujours plus vers les abysses. Mais si la thématique est très lourde, les paroles sont peut-être légèrement trop superficielles, mais volonté étant de partager un sentiment avec ceux qui souffrent des mêmes maux, le vocabulaire doit se vouloir universel. Musicalement, les rythmiques sont lourdes, surplombées de riffs inquiétants, le tout enrobé de refrains catchy. La recette du Memphis May Fire qui fonctionne !

« Somebody » nous embarque dans sa rythmique lancinante, sa voix vocodée et son inspiration définitivement pop. Ce titre évoque l’Asking Alexandria de ces derniers mois. Hormis quelques passages que l’on peut qualifier d’ovnis aux influences électroniques, l’accent est porté sur la performance vocale claire.

Nouveau virage, l’ambiance vire vers les influences hip-hop de Matty Mullins avec « Death Inside Of Me ». Cette fois c’est Fever 333 qui s’impose à l’esprit sur les couplets, tandis que le format des refrains est plus caractéristique de Memphis May Fire. On constate avec une certaine satisfaction que les paroles ont évolué vers un contenu plus profond et personnel. Finalement, on préfère quand l’heure est à l’introspection qu’aux monologues rageurs !

Retour aux sonorités metalcore avec « The American Dream ». D’où nous vient ce besoin impérieux d’entrer en conflit pour des intérêts personnels au détriment du bien commun ? C’est cette question fondamentale qui est au cœur d’un morceau qui se veut plus humain que politique. On prend de la hauteur sur les sentiments pour entrer dans des considérations plus universelles au genre humain à travers un titre punchy et techniquement particulièrement intéressant avec un vrai travail sur la rythmique.

A ce stade on dirait que les titres accusateurs ont une fâcheuse tendance à se noyer dans la masse. « Your Turn » ancre une préférence assez nette de notre côté pour les propositions plus personnelles et introspectives, malgré la présence notable d’un breakdown à casser des briques.

Heureusement, « Make Believe » s’ouvre sur un beat electro qui porte un Matty Mullins poétique et angélique. La puissance monte crescendo vers une pierre angulaire de Remade In Misery. Un ton presque suppliant, des sonorités électroniques latentes, le juste équilibre entre un pillier metal et une certaine expérimentation, il n’en faut pas plus pour nous combler en un titre et donner des couleurs à l’écoute de cet album.

Vous entendez arriver ce riff gras doublé d’un chant aux inspirations résolument hip-hop ? C’est « Misery » qui déferle. Ce titre est l’ADN de Remade In Misery à lui tout seul : puissance, phrasé clair catchy à souhait, paroles personnelles qu’on devine sortir du cœur à coup de pioche. Si l’on devait résumer l’album à un titre, ce serait celui-là.

On descend peu à peu dans les tréfonds, les rythmiques semblent redoubler de puissances, les guitares sont écrasantes et le ton menaçant. « Left For Dead » renoue avec la noirceur metalcore pure.

L’influence hip hop est un fil d’ariane de Remade In Misery, en confirme la présence de AJ Channer (Fire From The Gods) en guest sur les couplets d’« Only Human », conférant à ce titre une ambiance toute particulière. Le mariage de la voix céleste de Matty Mullins et des sonorités plus brutes conférées par Aj Channer est une vraie réussite.

C’est déjà l’heure de se quitter. Nos chemins se séparent sur « The Fight Within », balade bienvenue pour une sortie en douceur.

Remade In Misery est un album qui se dévoile à qui lui en donne l'occasion. Les premières écoutes sont beaucoup plus lisses que les suivantes, ce qui peut rendre l’entrée dans le vif du sujet légèrement déstabilisante. Mais une fois la pleine personnalité de cet album exprimée, on ne peut qu’être conquis par l’âme de Memphis May Fire, dans ses tourments et ses moments de clarté qui parleront à beaucoup d’entre nous dans un langage bien familier.

Matty Mullins (Chant)

Cory Elder (Basse)

Jake Garland (Batterie)

Kellen McGregor (Guitare)