LÒDZ, invitation vers les mondes intérieurs

12/03/23
Il y a quelques jours, nous avons eu le plaisir d’interviewer Éric (Chant, Guitare), Julien (Basse) et Erik (Batterie) venus présenter leur dernier album, Moons and Hideaways, sorti en décembre dernier.
Le groupe existe depuis pas mal de temps maintenant, vous en êtes à trois albums…
Éric : Oui, et un EP.
Et là y a eu un changement de line-up durant le Covid…
Éric : Oui, un petit changement de line-up. Je crois que le Covid de toute façon a été une remise en question planétaire à bien des niveaux, et le milieu culturel n’y échappe pas et les groupes non plus. Je pense que sur le coup on ne se rendait pas forcément compte que le Covid était l’une des raisons de la chose, mais je crois que ça a été un catalyseur, quelque chose qui a vraiment créé des troubles dans l’organisation, dans la vie du groupe, dans la motivation… bref, donc l’équipe a été un petit peu revue et c’est comme ça qu’Erik est venu intégrer le groupe, c’est le petit dernier. Donc, nouvelle équipe et j’ai envie de dire nouveau départ, car ça nous a permis de repenser un peu notre manière de composer, d’appréhender la musique et puis de créer une nouvelle équipe, d’enregistrer différemment, de produire différemment, de vendre différemment. Donc c’est presque un nouveau départ le Covid pour nous…
Oui, ça a changé pas mal les choses pour beaucoup de groupes.
Éric : Oui, ça a créé une nouvelle dynamique.
Pour ceux qui ont résisté…
Éric : C’est sûr, il y a eu des dégâts.
Le nom du groupe vient d’une ville polonaise, vous y êtes allés ou pas ?
Éric : Non [Rires] Et puis quand on nous en parle, ça fait pas envie [Rires].
C’est vrai que sur les photos ça a pas l’air fou…
Éric : Non, c’est pas terrible !
Mais ça pourrait être marrant d’y jouer.
Éric : Ça pourrait être très drôle d’y jouer, d’autant qu’on est originaires de Lyon et qu’on a appris que la ville était jumelée avec Lyon ! [Rires]
C’est un hasard ?
Éric : Complétement. Le choix s’est porté sur ce nom de ville en visionnant un film de David Lynch, Inland Empire. Il y a une scène en particulier, tournée dans une rue de la ville, de nuit. Une rue pas très belle, pour ne pas dire dégueulasse, mais pourtant la manière dont c’est filmé, la lumière, les personnages, y a quelque chose de très onirique, nébuleux, très poétique… Y a une profonde mélancholie, un truc très poétique qui ressort de ces images. C’était au moment de la création du groupe et je m’étais dit : « c’est presque un tableau, si je devais illustrer la musique que j’ai envie de faire avec ce futur groupe, ça ressemblerait à ça visuellement ». Donc, je me suis demandé où ça avait été filmé, et j’ai fait des recherches, ça a été filmé à Łódź, et comme je suis un grand fan de David Lynch je me suis dit que ça ferait une petite passerelle, un petit Easter Egg. Et ce nom en quatre lettres, ça nous a plu, on est partis là-dessus.
Et au niveau de la prononciation en polonais alors ?
Éric : Eh bien, c’est woudj [wut͡ɕ, pour les fans de phonétique] donc, rien à voir ! [Rires]
C’est comme pour Mgła, dont on est nombreux à massacrer le nom en France…
Erik : Je suis pas très très doué en polonais, mais j’ai cru comprendre que c’était pas évident…
Oui, ce n’est pas simple… Donc pour composer cet album, vous vous êtes isolés, coupés de tout…
Éric : Oui, pour la composition, on voulait faire un album où on se mettait dans le rouge à tous les niveaux, on s’est dit : « on va aller au bout du truc, on va se faire du mal avec cet album ». Avant, on travaillait les compositions au local, en répèt, comme beaucoup de groupes, en buffant, en balançant des idées, en les mélangeant, etc. Et on s’est dit : « on va faire autrement, on va louer des maisons à la campagne au milieu de nulle part, pendant des jours et des jours, et on va vivre que pour la musique, on va respirer, boire, manger musique pendant des séances de 4 jours. On a fait plusieurs séances comme ça, coupés du monde, en pleine campagne, y avait plus de jours, y avait plus de nuits et les téléphones étaient jetés dans un coin, et voilà on est venu avec beaucoup de matériel d’enregistrement et on a travaillé comme ça. Et là, on a eu un travail qui était presque plus sur les textures de son. Plutôt que de partir d’idées de riffs on partait de sons, on recréait des sons et ça influençait notre manière d’écrire la musique. Et après ça nous a permis aussi de beaucoup expérimenter, de découper… du coup on a enregistré tout, on était complétement libres, on avait un outil informatique qui nous permettait d’aller beaucoup plus loin, beaucoup plus vite, et ça nous a permis aussi d’écrire des arrangements plus profonds, plus léchés, on avait vraiment envie d’être jusqu’au-boutistes sur cet album et on l’a fait comme ça. On a inventé le concept de confinement. [Rires]
À l’écoute, je trouve que ça se ressent au niveau de la cohérence de l’album, y a vraiment une ambiance continue d’un bout à l’autre…
Erik : Comme disait Éric, c’est vraiment ça, c’est ce travail qui a été fait autour du son, cette manière d’aborder les morceaux, d’avoir la possibilité d’écrire mais d’avoir aussi du recul parce que t’es pas en répèt, t’es vraiment en train de travailler dessus, c’est assez agréable et ça permet tout de suite de penser vraiment à l’album pour ce qu’il est, c’est-à-dire un album et pas juste des chansons que tu prends séparément et que tu mets ensemble pour en faire un albuim. Là, l’idée c’était vraiment d’écrire un truc assez cohérent et ces textures que tu peux retrouver parfois, y a deux trois sons que tu retrouves quasiment sur tous les morceaux, y a des petits gimmicks qui viennent en fil rouge tout du long, et c’est en ça que c’était différent dans la manière d’aborder la composition.
Au niveau de la pochette, on retrouve comme sur le précédent une superposition d’images, avec une petite pointe de rouge cette fois, il n’y avait que du noir et blanc jusque-là. Quelle est la signification pour vous de cette pochette ?
Éric : Eh bien déjà, la pointe de rouge, effectivement, jusqu’à présent l’identité du groupe c’était de faire que des faux noirs et blancs, des noirs et blancs qui tendaient un peu plus vers des couleurs froides. Et là, volontairement, un peu comme je le disais tout à l’heure, c’est aussi un nouveau groupe qui est arrivé, c’est toujours dans la continuité de notre identité musicale mais on voulait que ce nouveau départ du groupe se voit graphiquement. On a voulu sortir du noir et blanc pour aller vers un nouvel univers, rentrer dans un nouveau monde, et il y avait une espèce de mise en abîme entre cette invitation à rentrer dans un nouveau monde, tu vois il y a une porte sur le nouvel album, dans notre nouveau monde, cette nouvelle ère de LÒDZ. La pochette du dernier album c’est effectivement à la frontière entre deux mondes, peut-être deux dimensions, entre la réalité et le rêve. On est en tout cas vraiment dans l’intime du personnage de la pochette et on est à la frontière entre des ambiances, attirés par une lumière à la fois chaleureuse mais qui est aussi un signal d’alarme, quelque chose d’à la fois violent et attirant. On est dans l’intime car LÒDZ est un groupe dont le vocabulaire est celui de l’intime, des tripes. Voila un peu le sens de cette pochette.
Dans les trois clips qui sont sortis pour cet album, le rouge est aussi la couleur qui revient à chaque fois
Erik : De la même manière que pour les sons, les textures qu’on a voulu mettre en fil rouge, on s’est dit que visuellement ce serait cool aussi d’amener ce truc-là en fil conducteur dans les clips et d’enfoncer le clou du concept de l’album.
Éric : Le rouge, c’est toujours une symbolique très forte à plein de niveaux mais pour nous c’est toujours la façon de marquer dans le clip les limites entre la réalité et autre chose, le monde de l’abstrait. Il y a toujours ce moment-là où on est invités à basculer dans autre chose.
Erik : Je crois que là où c’est le plus marqué, c’est sur le clip de Fast Rewind, le rouge est vraiment le moi intérieur qui est dans le bad, et y a la réalité du personnage qui gère et se débrouille avec ses luttes internes, c’est ça qui est derrière.
Éric : Les trois clips sont volontairement très cohérents. Celui de Fast Rewind, c’est un clip qu’on a bidouillé nous-mêmes, do it yourself. Erik a pris les manettes, il était derrière la caméra, Olivier notre guitariste qui est lighteux et bosse dans l’univers du spectacle a géré les lumières, moi j’ai fait modestement le comédien et ça a permis de faire un clip où volontairement on faisait un truc maison, maladroit, avec ses petits ratés…
Le rendu est très bien !
Erik : Merci, ça fait plaisir [Rires]. Mais on avait envie de mettre les mains dans le cambouis. Je sais ce qu’on s’est dit à ce moment-là, parce qu’on va pas se mentir, il y avait aussi des raisons financières. On s’est dit : « ok, on le fait nous-mêmes, à la maison » et au final on a fait le choix de faire un truc qui, je pense, va bien avec le morceau. C’est un des morceaux que je trouve très intimes ; le texte également. Donc là, on est vraiment sur des plans très serrés, et du coup je trouve qu’on ressent aussi vraiment ce qui se passe dans le morceau. Et je suis quand même assez content qu’on ait fait le clip comme ça et c’était marrant d’avoir pu mettre la main à la pâte. On est également très contents des clips qu’on a pu faire avec l’autre équipe, notamment avec Joan, c’était chouette.
Éric : Mais c’était volontairement une direction artistique proche, bien sûr, l’idée était de vraiment garder ce fil rouge. Il va y avoir deux autres vidéos qui vont arriver et on va garder cette identité.
Y a des groupes qui font très peu de clips, pour vous c’est important ? Vous pensez que ça apporte quelque chose à votre musique ou c’est une manière de l’exprimer ?
Éric : Sur cet album-là, il y a presque une entité, il est assez cinématographique je pense. J’ai l’impression qu’on a vite des images qui nous passent dans l’esprit. C’est peut-être aussi parce qu’on est trois dans le groupe à travailler dans l’univers du visuel, de l’image, donc on y est peut-être plus sensibles, mais je crois qu’on avait envie d’expérimenter, d’aller un petit peu plus loin que simplement le son avec cet album.
Erik : L’idée c’était aussi d’avoir un support, mais de la même manière qu’on a envie de travailler les live, etc. C’est aussi une manière d’orienter l’auditeur dans le propos. T’as envie qu’il comprenne en fait. Et je sais pas si les clips ont aidé ou pas, mais on est contents de la réception et le plus satisfaisant pour l’instant c’est que dans ce qu’on lit, on a vraiment le sentiment que l’album est compris comme nous on l’a écrit en fait. Parfois, les gens se l’approprient, ils entendent autre chose que ce qu’on a voulu dire ou faire, et là, on a vraiment le sentiment qu’il a été compris. Alors, est-ce que c’est avec l’aide des clips ou pas, je suis pas sûr car je pense que certaines personnes n’ont pas vu les clips. Mais je suis très content de ça et je pense que ce trucs-là, comme le morceau Pyramids qui est eu début de l’album, qui met un peu du temps à démarrer, c’est une manière de dire à l’auditeur : « voilà, c’est cette porte que tu es en train de passer, tu vas passer de l’autre côté et on t’aide, on te prépare à ce passage. Et je trouve que c’est assez intéressant et je pense que ça fonctionne en plus.
Et le choix des singles s’est fait comment ?
Éric : Ça c’est toujours le casse-tête habituel. [Rires] Déjà, tu commences par dire : « bon, quel est le meilleur morceau de l’album ? » Chacun dit : « Ah, moi c’est celui-là », personne n’est d’accord. Bon, alors on va prendre un morceau « commercial »… Ah ben non, on n’en a pas, donc pas ça ! [Rires] Non, nous ce qu’on s’est dit, par exemple pour le premier clip, You’ll become a memory, c’est qu’il fallait que le clip soit une carte de visite. Donc, la personne qui ne connaît pas LÒDZ, ou qui connaît LÒDZ et va découvrir le nouvel album, doit avoir une bonne présentation. Ce morceau est une bonne introduction vers l’album, une bonne façon de voir toutes les facettes du groupe, et c’est aussi un trait d’union avec ce qu’on faisait avant. Il s’inscrit dans la continuité de l’album précédent. On trouvait que c’était une bonne carte de visite. Ensuite, y a eu Fast Rewind¸ celui-là à l’inverse c’est un morceau un peu expérimental pour nous, on est allé sur quelque chose qu’on avait jamais fait avant, on a étiré les riffs plutôt que d’accumuler beaucoup d’idées, on a plutôt tiré sur les idées comme sur un élastique et finalement y a des ritournelles, le morceau est presque indus dans sa répétitivité.
[Julien nous rejoint]
Éric : C’est une facette qu’on n’avait jamais trop travaillée avec LÒDZ et finalement ce morceau nous a surpris, on a beaucoup aimé. Il est très à part dans la carrière du groupe, mais on avait envie d’assumer cette facette et de l’exposer davantage. Et le troisième, c’est le contre-pied, on s’est dit on va envoyer de la patate et on va sortir un morceau grosses guitares, qui envoie, parce LÒDZ a aussi des racines metal. On est dans l’introspection, le travail du son, l’ambiant, l’atmosphérique, etc. ; mais on est aussi un groupe de puissance avec des grosses guitares [Rires]. C’est aussi une de nos facettes et c’est bien si quelqu’un nous connaît que par ces trois clips, il se dira qu’on est un groupe varié, qui a plusieurs facettes. Voilà comment on a choisi les trois singles. Mais tu vois, par exemple, sur ces trois singles, y a même pas mon morceau préféré de l’album.
Erik : Surtout que finalement on s’est tous rejoints, on avait vraiment tous un morceau préféré qui est le même, on l’a pas mis en single… Comme quoi !
Moi, mon préféré c’est Chimeras…
Éric : Eh ben, voilà, nous aussi [Rires] !
On est d’accord !
Éric : Oui, je l’aime bien. Mais Julien lui c’est plus Sorry for September.
Julien : Ah oui, c’est vrai !
Vos paroles sont en anglais à quelques toutes petites exceptions près. C’est un choix purement artistique pour les sonorités ou il y a aussi une volonté que votre musique soit comprise dans différents pays ? J’ai vu par exemple qu’il y a avait plein de reviews de l’album en langues différentes…
Éric : Alors, c’est en anglais tout simplement pour la musicalité de l’anglais. C’est naturel, on s’est jamais posé la question avec LÒDZ jusqu’à présent. Alors, effectivement, peut-être que ça ouvre des portes à l’international, je ne sais pas. Mais néanmoins, ça fait son chemin, moi je ne serai pas contre mettre des textes en français dans le prochain album. Mais l’anglais est venu naturellement, simplement parce qu’on est un groupe de rock’n’roll à la base [Rires] et c’est pas plus compliqué que cela. L’anglais est venu, tout bêtement, comme ça.
Faudrait peut-être tenter le polonais…
Éric : Eh ben, ça va pas être triste [Rires].
Julien : Je pense que ça peut amener des idées de riffs rythmiques déjà…
Éric : Le style va beaucoup changer [Rires].
Selon vous, est-ce qu’il y a une grosse différence entre la scène metal en France et celle ailleurs. Est-ce qu’il y a des choses que vous ressentez, des choses qui sont plus ou moins faciles ou difficiles en France, l’accueil du public, tout ça…
Éric : Je dirais que ça dépend de la taille des groupes. Pour un groupe de notre taille, effectivement, si tu compares à la Scandinavie ou à l’Allemagne, etc., tu te diras qu’en France on n’est pas un pays de rock donc on n’est pas près d’être un pays de metal. Maintenant, on peut dire : « oui, mais Gojira, oui, mais le Hellfest… » Mais pour nous c’est un autre monde. Je pense que le metal devient mainstream en France mais on n’est pour autant pas encore un pays de metal. Les concerts, avec l’offre assez remplie en post-covid, y a des concerts où t’as vingt mecs devant un groupe parce qu’il est trop petit ou que les gens n’ont plus la curiosité daller voir les petits groupes parce qu’il y a Amon Amarth, Cradle of Filth ou je sais pas qui qui passe le lendemain… donc ils ne vont pas aller voir le roupe de Lille dont ils ont à peine entendu parler… Je pense qu’on manque peut-être de vrai clubs. Nous, à Lyon, on a un club de metal, à Paris y en a, mais je suis pas sûr que dans toutes les villes il y ait forcément ça, donc programmer un groupe de metal, faire tourner un groupe de metal en France, de notre taille, c’est pas quelque chose d’évident.
Julien : Nous, déjà, il nous manque des infrastructures. Accueillir un groupe de metal, c’est un groupe qui fait du bruit. Donc si t’as du monde au-dessus tu dois arrêter tôt. Y a plein de contraintes, c’est quand même de la musque qui fait du bruit, donc déjà ça, ça rende les choses compliquées. Et on n’arrive pas sur les grosses scènes n’importe comment, faut avoir fait 2-3 trucs avant. Y a un cap à passer, un réseau à avoir, c’est pas toujours si évident que ça de passer au-dessus des radars. Après, à l’étranger moi y a un truc, je sais pas si c’est une vue de mon esprit ou quoi, mais j’ai l’impression que quand tu joues en France, t’as pas toujours la même considération que quand t’es écouté par des étrangers, même si t’es français. Parce qu’aujourd’hui, on a une super scène metal, plein de talents qui cartonnent. Y a quinze, vingt ans, c’était peut-être moins évident de citer des groupes qui cartonnent dans le metal. Aujourd’hui, y a des gens qui percent, et pas que Gojira, mais j’ai l’impression que chez nous si t’es français, soit tu es une tête d’affiche, soit t’es soutenu par ta scène locale et tu joues un peu à la cool dans ton coin… alors que les étrangers, que tu sois petit ou pas ils s’en foutent, ils écoutent et ils ont un degré d’ouverture qui me paraît supérieur. C’est vraiment perso mais je serai plus tenté de faire des dates à l’étranger en me disant que parfois on parlerait plus aux gens que là où on est.
Éric : Mais pour une note positive, y a des indices qui vont à l’inverse de ça. Quand tu vois par exemple que Nuclear Blast a ouvert un bureau en France et qu’il a tiré encore plus vers le haut des groupes comme Hangman’s Chair, Celeste, Alcest et d’autres, tu te dis : « tiens, il se passe quand même un petit quelque chose ». Alors c’étaient des groupes déjà installés, mais voilà, si tout ça peut créer un mouvement, un appel d’air pour d’autres groupes derrière ce serait super !... T’es moins positive, toi ! [Rires]
Non, non, les choses ont l’air de bouger [Rires]
Éric : Oui, doucement mais sûrement.
Et je trouve que la qualité des groupes français s’améliore énormément. Il y a une dizaine d’années pas mal de groupes sonnaient assez amateurs, mais ce n’est plus du tout le cas maintenant.
Éric : On a de moins en moins le complexe du corn-flake. Les groupes qu’on a aujourd’hui, il n’y a pas de quoi rougir. Il y a 10-15 ans, on se disait « il faut qu’on sonne comme les Ricains ! » Aujourd’hui, c’est plutôt eux qui ont intérêt à sonner comme nous. Les fers de lance du metal français n’ont rien à leur envier.
Vous avez partagé la scène avec plein de grands noms, c’est qui les plus sympa ?
Éric : [Rires] Ah ben moi, j’ai un souvenir d’un câlin langoureux avec le chanteur de Ghost Brigade, donc pour moi c’est Ghost Brigade les plus sympa, avec nous en tout cas. Mais on a aussi des très bons souvenirs… ça, ça m’a marqué, mais d’une manière générale tout le monde a été sympa… Enfin, non, je mens, je viens de me rappeler, mais je vais pas dire qui [Rires]. Bref, je me rappelle qu’effectivement j’avais trouvé Ghost Brigade très très gentils, vraiment ces gars-là ils m’ont marqué par leur gentillesse, mais y en a d’autres.
Et votre rêve absolu ce serait de partager la scène avec qui ?
Éric : Y en a un paquet, ça dépend…. pose-moi la question demain, je te répondrai autre chose, après-demain encore autre chose… Le rêve absolu, y en a tellement. Pour que ce soit cohérent, faudrait un truc metal atmosphérique.
Oh, y a aussi pas mal d’affiches pas forcément cohérentes qui tournent en ce moment…
Éric : Ah, moi je voudrais bien tourner avec des groupes comme Crippled Black Phoenix, Der Weg einer Freiheit… ce serait cohérent en plus. Katatonia, même s’ils ont pris un virage plus mainstream.
Julien : Je pense qu’on serait vraiment comme des groupies en plus…
Éric : Oui, je pense qu’on ferait les fans boys pour Katatonia.
Erik : Moi, je prends la légende : Tool.
Éric : Oh oui, c’est bien, on se fait plaisir.
Erik : Ben, si on nous demande ! [Rires]
Ah oui, là vous pouvez dire ce que vous voulez !
Julien : Ah moi, tu vois, un petit Paradise Lost, pour rester metal.
Oh, ce serait pas déconnant. Allez, on les appelle et puis c’est parti !
Éric : Ah je t’aime bien, toi ! [Rires]
Quand on essaye de décrire votre musique, y a toujours des groupes qui sont cités, des comparaisons qui sont faites, est-ce qu’il y en a que vous trouvez particulièrement flatteuses parce que c’est des groupes que vous appréciez, comme par exemple Katatonia que vous venez de mentionner, et est-ce qu’il y en a, au contraire, qui vous interrogent un peu, non pas forcément parce que vous n’aimez pas le groupe mais peut-être parce que vous vous dites : « ça n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’on fait »…
Éric : Tu vois, moi je trouve que passé un moment on nous a beaucoup comparés à Ghost Brigade, je pense comprendre pourquoi effectivement mais de là à ce que ce soit si systématique, c’est quelque chose que je n’avais pas trop compris.
Erik : Ah, moi non plus…
Éric : Après, y a aussi Cult of Luna qui sort souvent, qui est un groupe qu’on aime beaucoup, mais je sais pas si j’irai dire que c’est une influence. J’ai l’impression qu’on est assez éloignés. Mais c’est pas du tout une insulte, loin de là, c’est un groupe que j’apprécie beaucoup. Maintenant, des comparaisons un peu foireuses, j’en vois pas trop.
Erik : J’ai pas souvenir non plus d’avoir vu des trucs complétement déconnants…
Éric : Après, c’est toujours pareil, c’est aussi en fonction du background de la personne qui cite, quoi, je pense que les gens font en fonction de ce qu’ils connaissent.
Erik : On leur en veut pas, même quand ils sont à côté [Rires].
Julien : Tout à l’heure, quelqu’un nous a comparé à Gojira, pour le coup ça m’a étonné. On m’a dit qu’on les faisait penser à deux groupes : Sólstafir et Gojira. Sólstafir, oui, je peux comprendre…
Oui, Sólstafir on voit mieux, mais Gojira…
Éric : Gojira, oui, c’est du metal, mais bon…
Julien : Alors si, je dirais juste un truc, parce que moi Gojira c’est pas forcément ce que j’écoutais y a 7 ou 8 ans mais je suis tombé dedans pour une seule raison, et je pense que c’est encore ce qu’on disait avec Der Weg aussi, y a un truc qui te prend aux tripes. Alors qu’au départ à l’époque où on m’a fait écouter ça, j’avais pas envie d’écouter ce genre de choses, et je suis tombé amoureux du truc parce que je me suis dit : « eux le font d’un manière qui envoie une intensité, une sincérité, qui fait que là je signe tout de suite et j’écoute à fond » et ça m’a même fait basculer vers plein d’autres choses que j’aurais jamais écouté avant. Et si c’est ça qui venait à l’esprit : « je retrouve cette fibre, cette sincérité-là et cette émotion-là », oui d’accord, mais dans le format non.
Erik : On pense peut-être aussi au dernier album de Gojira qui est beaucoup plus atmo…
Éric : Peut-être aussi parce qu’ils travaillent leurs sons clairs, ils créent des textures un peu particulières, ce qui est une démarche qu’on a aussi, mais ça s’arrête-là, je vois pas trop de ponts.
Erik : Si t’es un fan de Gojira, je suis pas sûr que tu t’y retrouves avec nous…
Éric : Non, on peut pas dire aux fans de Gojira : écoutez LÒDZ, vous allez être comblés ! [Rires]
Vous êtes deux groupes français, voilà !
Éric : [Rires] Voilà, je pense qu’on y est, la comparaison est à son maximum.
LÒDZ, les nouveaux Indochine ! [Rires]
Éric : Bon, ben OK, c’est parti ! [Rires].
Vous avez des live prévus dans des festivals en avril et juin. Y a pas de tournée ?
Éric : Y a un bout de mini-tournée avant l’été mais on ne peut pas vraiment appeler ça une tournée quand c’est trois dates.
Erik : Ça se prépare. On y travaille activement.
Éric : Oui, on y travaille activement mais maintenant c’est le nerf de la guerre, c’est ce qui est le plus compliqué. On a fait un album dont on est très contents, qui est très bien accueilli pour l’instant par la presse et par les gens qui nous font des retours. Maintenant, on aimerait le défendre au maximum. Puis nous on est un groupe de live, c’est vraiment là où on se révèle.
Oui, la scène est importante pour vous ?
Éric : Oui, mais effectivement, on voit que depuis le Covid c’est beaucoup plus compliqué qu’avant. Déjà faut attendre son ticket parce qu’il y a tout le rattrapage des retards, donc ça fait une offre pléthorique, donc les gens y vont moins, y a des asso qui sont mortes aussi. Y a une espèce de monde qui se réinvente où toi quand t’arrives avec ton petit album, t’attends ton tour. Tu prends ton ticket et t’attends. Ça, c’est un peu la frustration du moment. On aimerait remplir l’agenda le plus possible. On y travaille mais…
Erik : Ça prend du temps, oui.
Éric : On lance un appel, on cherche un tourneur, un booker pour nous aider là-dessus ou au moins faire un petit appel aux asso pour qu’elles se rapprochent de nous.
Julien : Oui, si quelqu’un a une possibilité, qu’il nous contacte, nous on bouge ave grand plaisir. On est tellement fiers de cet album qu’on n’attend qu’une seule chose, c’est le défendre sur scène.
Bon ben l’appel est lancé en tout cas ! On sait jamais !
Éric : [Rires] On sait jamais !
J’ai vu que vous aviez été nommés pour les France Metal Awards, vous pouvez nous en parler…
Éric : On n’est pas dans les premiers, mais on était dans les finalistes.
Julien : Pour être honnête, on ne sait même pas comment on a été inscrits.
Éric : Je pense que c’est tous les groupes français…
Julien : Et on a été hyper surpris de voir qu’on était dans les finalistes, on a fait un petit message pour dire aux gens d’aller voter mais c’était plus de la surprise quand on a vu arriver ça sur notre fil.
Éric : C’était d’autant plus surprenant avec l’album qui est sorti le 7 décembre d’être répertoriés dans les finalistes, les gens ont pas eu le temps de digérer l’album, de se l’approprier, donc c’était plutôt surprenant. Et ce qui était aussi surprenant, c’est qu’il y avait une catégorie ambiant/atmo, et nous on n’a pas été mis là-dedans, on a été mis dans la catégorie metal générique, donc c’est assez étonnant. Tu te dis, à la limite on aurait été dans cette catégorie-là, ça aurait peut-être été plus logique d’être finalistes, car y a peut-être pas tant de groupes que ça [Rires]… mais la catégorie metal, c’est plutôt gratifiant, dans cette catégorie très très large avec des groupes divers, d’avoir réussi à être finalistes. C’est quand même cool.
Julien : Oui, c’est super.
Est-ce que vous auriez un petit mot pour conclure, quelque chose que vous aimeriez dire à la communauté Metalleux de France, ou un scoop ?
Julien : On peut dire qu’il y a quelque chose qui sort bientôt, on a préparé une petite vidéo un peu concept autour de l’album, qui va bientôt sortir et sinon on invite les metalleux partout en France ou ailleurs à nous inviter, on vient !
Anniversaires, bar-mitsvah, maisons de retraites… [Rires]
Erik : Ah oui, oui, les Ehpad, on fait tout ! [Rires]
Éric : Oh oui, on a faim ! [Rires] Et puis c’est un bon public, les Ehpad !
Orsola G.
Merci infiniment à Éric, Julien et Erik pour leur accueil, leur gentillesse et leur humour et merci à Roger Wessier d’avoir organisé cette rencontre.
Vous pouvez retrouver toutes les informations sur LÒDZ aux adresses suivantes :
Lodz | Facebook
Lodz (bandcamp.com)
LÒDZ (@lodz_band) • Photos et vidéos Instagram
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