Au cœur de la bataille avec Infinityum - Interview avec Nicolas Foucault


Nous avons eu l’immense plaisir d’interviewer Nicolas, le chanteur d’Infinityum, à l’occasion de la sortie de The War, troisième album du groupe (disponible le 27 mai 2022).
Le groupe existe depuis 6 ans, c’est bien ça ?
Oui, il a été formé en 2016 et on a sorti le premier album en 2017.
On en est au troisième album, ça commence à faire une petite longévité et vous avez survécu au Covid qui a été difficile pour pas mal d’artistes mais qui paradoxalement a aussi permis à certains projets qui n’auraient peut-être pas vu le jour d’exister ou de prendre des formes différentes de celles initialement prévues. Est-ce que le Covid a eu un impact sur la naissance de cet album ou pas du tout ?
Nous on a enregistré l’album en mai 2021. En 2020 on était dans le processus d’écriture et de création. Ce qui a joué c’est qu’on n’a pas pu faire beaucoup de répèt avant l’enregistrement. Mais bon, on a enregistré en 2021 et il sort là, en 2022. Donc, ça a été. Ça a été plus compliqué de se voir pour composer, pour faire des répèts pour bien maîtrise l’album mais en termes d’enregistrement, mixage, mastering ça ne nous a pas trop dérangés.
Au niveau de l’artwork, la pochette est très sympa. Elle est plus colorée que celles des autres albums.
Complétement, oui.
C’était une démarche volontaire ou ça s’est fait par rapport à la musique ?
C’est Bastien Jez qui s’est occupé de l’artwork. C’est quelqu’un qui est spécialisé en tout ce qui est Heroic Fantasy, Dark Fantasy et même un peu science-fiction. J’aimais beaucoup son travail. Niveau de la colométrie, je n’avais pas mis de règles particulières, mais simplement je voulais qu’il y ait beaucoup de choses sur cet artwork. Il y avait beaucoup de choses à mettre par rapport à l’histoire, parce que chaque album d’Infinityum a une histoire qui se suit, un peu comme les trois volets du Seigneur des Anneaux. Et là, c’est la fin de la première trilogie, du coup il y avait beaucoup de personnages à mettre, et c’est lui qui m’avait dit dès le départ : « vu tout ce que tu veux mettre, il faut faire quelque chose de très lumineux, parce que si tu fais quelque chose de sombre on ne va pas voir les détails ». Et puis, ça permet aussi de dénoter par rapport aux deux premiers albums qui étaient particulièrement sombres, donc ça changeait. Et c’est vrai que le résultat est juste oufissime.
Effectivement, tu parlais de l’exploration de l’histoire qui avance au fur et à mesure des albums. On sent ici à la fois que l’atmosphère est différente et dans le même temps qu’il y a une cohérence. Comment s’est passée la construction du thème de cet album ?
Souvent, c’est moi qui compose tous les titres, puis je les envoie aux gars et ils retouchent par-ci par-là des petits détails ou des riffs qui ne sont pas terribles, il y a des petites choses qui changent comme ça. Et pour cet album, The War, on a la grosse guerre finale du héros contre la nécromancienne et donc je suis parti en me disant qu’il fallait quelque chose d’assez bourrin, donc plus orienté death par rapport aux autres albums, mais pour garder la patte et l’univers j’ai conservé tout ce qui est mélodie. Donc, je suis vraiment parti sur quelque chose de plus death mélo. C’est vrai qu’il est moins sombre que celui d’avant, pour lequel j’étais vraiment parti sur du black sympho, mais il est beaucoup plus bourrin, beaucoup plus violent tout en gardant ce côté épique et très orchestral qui fait la notoriété du groupe.
Ce qui est assez incroyable c’est qu’on sent parfaitement le déroulement de l’histoire de cet album sans même avoir à lire les paroles, juste à la musique.
En fait, je sais que dans un album j’ai tant de choses à dire, j’ai des thèmes à aborder, le déroulement de l’histoire, je parle de tel ou tel sujet… Je me dis, là, ce passage va exprimer cela, donc il faut que je parte sur tel ou tel principe. Notamment le titre qui s’appelle Necromanceress, qui dénote un peu du reste de l’album, c’est la découverte du personnage, on la voit enfin à visage découvert et je suis vraiment parti sur quelque chose de plus sombre parce qu’elle a une histoire particulière. Donc chaque titre apporte la musique cohérente qui va avec.
Tu peux nous faire un petit résumé de l’histoire de l’album ?
Oui, on peut faire ça titre par titre. The Call, c’est une intro, c’est l’appel de préparation à la guerre. Dans le livret, pour ceux qui commanderont la version physique, y a un résumé des anciens albums pour qu’on sache où on en est au niveau de l’histoire. La 2, c’est We Are Marching, donc toutes les troupes se sont réunies et commencent à avancer sur la bataille finale. Ensuite, il y a Know Your Enemy, c’est vraiment les chefs de guerre qui préparent leur stratégie de bataille, étudient quelles sont leurs forces, leurs faiblesses, comment avancer. Face to Face, les deux armées sont face à face et il y a la rencontre entre les deux chefs qui disent chacun : « pliez, où c’est la guerre ». Time to Charge, c’est la plus explicite de l’album, c’est la grosse charge, et au niveau des paroles c’est bourré de descriptions de tout ce qui se passe sur le champ de bataille. Après il y a The War, un interlude, quelque chose de très martial, c’est le titre de l’album. C’est une façon d’exprimer la guerre mais en version orchestrale, en version musique de film un peu. On a On The Battelfield qui est un peu le petit dénouement dans la guerre où les « gentils » arrivent à se frayer un chemin vers le château, le « boss final » on va dire. Inside the Castle, voilà, ils sont entrés dans la forteresse et là ils découvrent à quel point c’est une château des ténèbres type Isengard du Seigneur des Anneaux. Le morceau 9 c’est le combat contre la Nécromancienne où on révèle un peu tout ce qu’elle prévoyait de faire… Je ne dis pas l’issue du combat mais on s’en doute [Rires]. Et la fin donc, End of the War, c’est la fin de la guerre, la fin de la trilogie. C’est un morceau qui est très long avec des parties très orchestrales à la fin aussi, qui laisse vraiment le temps de digérer tout ce qu’il s’est passé.
Et du coup, l’idée pour un prochain album, ce serait de partir sur une autre histoire ?
Alors, dans la deuxième trilogie il y a des personnages qui vont revenir et il y a une suite qui va se faire vis-à-vis de cette histoire. En fait, l’Infinityum c’est un artefact qui permet d’exaucer les vœux de celui qui le possède, mais plus il l’utilise, plus il est corrompu par cet artefact. Et donc du coup à la fin le héros arrive à le récupérer, mais on ignore d’où vient cet artefact et ça va être plus l’histoire de l’artefact dans la deuxième trilogie, où c’est son propriétaire qui va venir le récupérer. Ça va être quelque chose de tout aussi épique mais très différent en termes d’ambiance. [Rires] Je n’en dis pas plus…
Donc, on est sur des grosses sagas comme peuvent le faire des groupes tels que Rhapsody of Fire ou Gloryhammer dans d’autres styles…
Oui, c’est ça, c’est un peu la phrase type du groupe : More epic than epic, C’est pousser l’imagination et la Dark Fantasy jusqu’à son paroxysme, clairement.
D’ailleurs, en parlant de paroxysme, c’est vrai que sur l‘album on ressent vraiment un crescendo dans les orchestrations, jusqu’à l’apothéose finale. C’est toi qui fais les orchestrations, quel est ton parcours musical à la base ?
J’ai commencé la musique tard, vers 14-15 ans, et très vite j’ai eu envie de composer. J’avais un logiciel qui s’appelle Guitar Pro, où j’apprenais à jouer des morceaux de certains groupes, des System of a Down, des Rammstein pour commencer, des choses comme ça. Et j’ai beaucoup apprécié ce logiciel et au fur à mesure de travailler dessus je me suis rendu compte que je pouvais m’en servir pour faire mes propres compositions. J’ai énormément d’imagination et plus je maîtrisais le logiciel, plus j’avais d’idées. Plus j’écoutais des groupes aussi… j’ai découvert tout cet univers de folk metal, metal épique, pagan qui m’a énormément inspiré et d’années en années ça s’est fait. Ce projet, ça faisait un petit moment que je l’avais en tête et j’ai tout simplement attendu d’avoir les bons zicos et mes potes d’aujourd’hui’ pour concrétiser tout ça. On a toujours la même équipe depuis le début et ça se passe très très bien, c’est fantastique !
On a pu découvrir le premier clip, Face to Face, qui est absolument magnifique. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu du lieu de tournage ?
Oui complétement, c’est une belle histoire. C’était un peu ce que reprochais au projet… nos clips étaient toujours sympa, on a toujours fait un petit clip par album, mais on n’a pas trop eu de contacts et ça n’a jamais été « the clip », ça n’a jamais été ultra abouti comme je le souhaitais ; et vu que là c’était le troisième album, un album très ambitieux, je voulais marquer la fin de la troisième trilogie, je voulais quelque chose de plus professionnel, on va se le dire. Et à force de faire des concerts on rencontre des gens et on se crée un petit réseau. Et je me suis dit, bon voilà, je vais économiser [Rires], parce que ça coûte très cher ce genre de clips… et je vais mettre les moyens parce que je sais que j’ai les bonnes personnes qui vont soutenir. Et ça l’a fait, c’est le résultat que j’avais en tête donc je suis extrêmement content… C’est très dur de trouver un château. Malheureusement, en France, les châteaux sont gérés par des associations qui sont elles-mêmes gérées par des mairies et dès qu’on leur parle de projet de tournage de clip de metal dans un lieu historique, médiéval, etc., c’est toujours très réticent. Et là c’est mon guitariste qui fait partie d’une asso qui s’appelle « La Guilde des 12 Royaumes » qui connaissait le propriétaire de l’association du château de Coudray-Salbart, au-dessus de Niort, qui est une personne qui a dit : au contraire, je veux des projets qui dénotent, je veux qu’on fasse de la pub pour mon château mais quelque chose de pas vieillot. Et ça a très bien marché, tout le monde s’est très bien organisé, et à partir du moment où on a eu le château, ça a été très facile de trouver les protagonistes parce que, voilà, tu vas tourner un clip de metal scénarisé dans un château… les gens étaient fous, ça s’est hyper bien passé, c’était génial…
Oui, le résultat est magnifique. Donc, le château est visitable ? On va lui faire un peu de pub au passage…
Oui, tout à fait ! Donc, c’est le château de Coudray-Salbart, qui est au nord de Niort. C’est un château qui est très bien conservé car il n’a jamais servi, il n’a jamais été assiégé ni rien. C’était un château-fort construit par les Anglais pour en foutre plein la vue aux Français donc il a été complétement inutile. Du coup il est très bien conservé, même s’il a pris cher avec le temps, on va dire. Ça a fait des plans magnifiques. Il est complétement visitable et c’est même très intéressant au niveau de sa configuration, il est très particulier.
Donc, le lieu est beau et le clip est aussi particulièrement bien en accord avec la musique…
Oui, on a fait un gros travail là-dessus, au niveau de la colorimétrie, au niveau des scènes d’action, des scènes plus lentes, parce qu’il y avait beaucoup de choses à mettre dans ce clip. Mais en même temps on me demande toujours : « je n’ai pas trop compris le scenario, etc. ». Et c’est souvent le problème qu’on a quand on veut mettre beaucoup de choses. Du coup je me suis dit, ne vous embêtez pas, dites-vous que c’est des gentils qui se battent contre des méchants et c’est déjà très très bien [Rires]. Tous nos clips ont toujours été très bordéliques au niveau du scénario, donc on s’est dit : on ne va pas s‘embêter. Moi je voulais juste qu’il y ait plein de personnages, plein de beaux costumes, plein d’affrontements. C’était mon kiff, clairement, et ça rend ce que je voulais donc je ne cherche pas plus loin [Rires].
Au niveau des live, vous venez de faire un concert à Bordeaux, est-ce qu’il y a des dates prévues pour aller présenter cet album sur scène ou pas ?
On a déjà fait pas mal de concerts avant la sortie de l’album parce que la pandémie a fait qu’on avait prévu de le sortir plus tôt, en début d’année, vers mars-avril, donc c’est là qu’ont été prévus la plupart de nos concerts. On a joué à Nantes, en Bretagne, à Lyon, pour le Dark Medieval Fest, donc on a fait tous nos petits concerts avant la sortie de l’album, là ça se calme un peu. On a un concert prévu qui n’a pas encore été annoncé, mais qui va être dans le nord-est de la France, dans une fête médiévale à Saint-Gobain. ça va être très particulier, ce sera la première fois qu’on jouera dans une fête médiévale et l’association qui organise comprend des metalleux qui se sont dit : on va rajouter à notre fête médiévale des groupes de metal. Et ils veulent nous mettre en tête d’affiche… On est très impatients, c’est au mois d’août. Voilà pour l’instant on n’a rien d’autre de prévu… Enfin, si, il va y avoir des choses mais on ne peut pas encore en parler pour l’instant, à partir de la rentrée, jusqu’à la fin de l’année. Mais on ne court pas forcément après les concerts parce que, voilà, c’est dur de se remettre dans le bain et c’est compliqué pour les associations parce que les gens ne sont plus habitués à prendre tout ce qui est préventes. Elles sont beaucoup plus frileuses, ce qu’on peut complétement comprendre. Donc c’est important, je passe le message pour les gens qui nous lisent, s’il y a un concert qui vous intéresse, prenez votre prévente. Même si le concert est annulé après, vous serez remboursés mais sans les préventes les concerts ne peuvent pas se faire et parfois même des associations coulent à cause de ça, donc c’est très important.
Petite question bonus, qu’est-ce que tu écoutes en ce moment, est-ce qu’il y a un artiste qui te parle particulièrement en ce moment ?
Alors, j’écoute beaucoup de musique, que du metal. Aujourd’hui, j’ai écouté le dernier album de Sadist, un groupe de metal progressif italien. Ils ont sorti leur album en fin de semaine dernière, je crois. C’est un groupe que j’avais découvert au Hellfest qui m’avait scotché, avec un bassiste qui est un tueur, un guitariste qui a la particularité de lâcher sa guitare pour jouer du synthé et en même temps jouer de la guitare en tapping, enfin c’est un truc de fou et leur dernier album est excellent. J’écoute un petit peu de tout mais je reste toujours dans le metal extrême.
Donc, pas de plaisir coupable, d’artiste de la honte…
Non, malheureusement. Non, désolé de te décevoir… J’avais mon père qui voyait d’un mauvais œil mon orientation vers le metal qui m’offrait du Pascal Obispo, du Willy Denzey pour ceux qui connaissent… [Rires] mais ça ne m’a jamais intéressé. J’ai découvert le metal avec Marilyn Manson, Slipknot, Rammstein, System of a Down, et puis après j’ai évolué très rapidement vers le metal extrême avec des groupes comme Arch Enemy, Marduk, Cannibal Corpse, etc. Donc j’écoute vraiment que du metal.
Bon, tu ne veux pas avouer, c’est tout.
On va dire ça ! [Rires] tout à fait.
Pour terminer, est-ce que tu as un scoop sur Infinityum à nous dévoiler pour Metalleux de France ou un petit message pour la communauté ?
Alors, je vais faire les deux. Je suis impatient, c’est un truc de fou… Alors déjà un message à la communauté : merci infiniment de soutenir le groupe, de nous écouter, de vos gentils retours par rapport au clip, à la musique. Je suis très sensible de base donc c’est clairement un vecteur qui m’aide à composer, qui m’aide à avancer et quand je vois où est rendu le groupe à ce niveau, je suis hyper fier et hyper content, et c’est en partie grâce à vous tous donc un immense merci, clairement. Et gros scoop pour Infinityum… Si, je vais le dire… on est en train de créer notre propre jeu de carte avec des règles originales dans l’univers d’Infinityum. Ça fait trois ans qu’on est dessus et là ça commence à aboutir. On va présenter le jeu de carte en bêta-test dans la ville de Parthenay, lors du FLIP, le plus gros festival de jeux de société de France. Toute la ville est remplie de jeux de société, de GN, etc. Je serai présent là-bas du 13 au 15 juillet pour présenter le jeu de cartes pour le faire tester aux gens et chercher éventuellement des éditeurs et c’est un truc de fou. On va l’annoncer officiellement au mois de juin… j’ai hâte de vous le présenter, c’est un truc de malade…
Un immense remerciement à Nicolas, d’Infinityum, pour son accueil chaleureux et sa gentillesse.
Merci également à Elodie Jouault, d’Aria Promotion, pour sa disponibilité et son efficacité.
Orsola G.
LIENS :
La 1st Hammer Week de Saint-Gobain
Retrouvez notre chronique de l'album The War en suivant ce lien :
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