Gohrgone - La foudre divine

Les Parisiens de Gohrgone ont sorti en octobre dernier leur quatrième album Fulgur Imperii, dans lequel ils poursuivent leur exploration de la mythologie grecque aux sons d’un blackened death metal aussi puissant que mélodique et imaginatif. Nous avons eu le très grand plaisir de rencontrer Thomas (chant) et Eddy (guitare) et d’échanger avec eux sur ce dernier opus et les projets du groupe.
Vous en êtes à votre 4e album, 10 ans d’existence du groupe, est-ce que vous vous attendiez au départ à cette longévité ?
Eddy : Je ne me suis jamais posé cette question. Au départ on a démarré avec Chris, on est les deux seuls de la formation initiale qui avons fondé le groupe. On ne s’est pas posé la question de savoir où on se verrait dans 10 ans, on a juste fait le truc. On avait envie de faire de la musique avant tout.
Thomas : Moi je suis arrivé en cours de route, fin 2014. J’avais déjà un autre groupe avant, ça faisait déjà longtemps que je faisais de la musique et ça ne me paraît pas aberrant d’être encore là 10 ans après, avec 4 albums.
Tous les albums sont basés sur la mythologie grecque, y compris le dernier, pouvez-vous nous parler de la thématique de cet album.
Thomas : Oui, cet album, Fulgur Imperii, parle de la vie de Zeus. C’est un concept album, comme chaque album depuis le deuxième. À chaque fois on se concerte pour trouver une thématique ; en général autour d’un personnage, ici Zeus. Il relate plusieurs séquences de sa vie, avec pas mal de protagonistes qui interviennent. Ça retrace tous les moments clés plus ou moins connus de la mythologie. Les chansons de l’album sont dans un ordre chronologique. La tracklist colle aux différents thèmes des morceaux en fonctions des événements de la vie de Zeus. Le boulot en amont a été de choisir quelle émotion faire passer à quel moment de l’album. Ce sont Eddy et Chris qui au niveau des compositions ont retranscrit les émotions.
Eddy : On a essayé de retranscrire musicalement les émotions qu’on avait déterminées tous ensemble. Dans une première étape on a pensé à Zeus, à ce qu’on pouvait raconter de son histoire et le morceler en plusieurs épisodes qui constituent chacun des morceaux de l’album. Et c’est donc ces différentes thématiques liées à des événements particuliers qui ont conduit à la composition de chaque morceau.
Donc dans le processus de composition vous partez d’abord de l’histoire…
Eddy : On aime tous composer avec une image en tête. Je suis convaincu que j’arrive à faire plus de choses si j’ai une émotion, un contexte, une ambiance presque cinématographique en tête, et que c’est dans cette ambiance que je compose et que je vais réussir à mener l’auditeur vers certaines émotions, certains mouvements.
C’est vrai que ça se ressent à l’écoute, vos morceaux font immédiatement naître des images…
Eddy : C’est super, c’est que le but est atteint du coup. On pense vraiment : album à thème et puis scénario de l’histoire de Zeus, qu’on coupe en différents épisodes. Donc, ce morceau-là doit refléter telle chose qu’on retrouve dans les textes également, et c’est comme ça finalement qu’on compose l’album.
Sur cet album autant que les précédents, je trouve que votre son est très propre, très pro. Comment se passent les enregistrements, où est-ce que vous les faites, avec qui ?
Eddy : Jusqu’à maintenant on a enregistré chez moi. Je fais l’enregistrement et l’édition des guitares, de la basse, du chant. On enregistre la batterie en midi avec une batterie électronique et je prépare toutes ces pistes pour les envoyer à un studio qui lui se trouve en Bretagne. Ils reprennent tout, ils nous font un son « qui va bien », un reamping, ils repassent les signaux bruts des guitares et de la basse dans des amplis et les réenregistrent à leur sauce, pareil pour la batterie, ils mettent des plug-ins dessus et compagnie, ils mixent tout ça, ils masterisent et c’est comme ça qu’on obtient ce résultat. Un résultat dont on est totalement satisfaits. Et monsieur Gwen Kerjan de Slab Sound a je pense réussi à nous donner l’identité sonore du groupe. Ils nous ont complétement cernés sur ce qu’on voulait.
Thomas : Il nous a cernés, oui. Donc on est abonnés à Slab Sound.
Eddy : Oui, on est liés à Slab Sound d’une certaine manière et jusqu’à maintenant on n’a pas envisagé de changer sur les futurs albums.
Au niveau de l’évolution de la notoriété du groupe, vous êtes contents au stade où vous en êtes ou vous voulez viser plus gros ?
Thomas : On aimerait toucher plus de personnes mais on essaie de faire de notre mieux, ce qu’on sait faire avec nos moyens et c’est pas évident de se faire connaître avec les outils qu’on a. On se rend compte qu’il y a pas mal de choses qu’on ne maîtrise pas.
Eddy : On maîtrise pas la promotion, le marketing, le fait de se vendre. Je pense qu’on ne sait pas très bien se vendre.
Thomas : Il y a des mécaniques qui nous échappent parce qu’on est peut-être un peu comme dans la caverne de Platon. On est à un stade où on n’a peut-être pas encore percuté sur certaines choses. On essaie de se renseigner mais il y aussi une part de hasard et de chance pour les groupes qui arrivent à se faire connaître plus largement.
Eddy : Et de sous… (Rires)
Thomas : Selon ce que j’ai constaté, il y a une part de talent, de travail et de chance. Il faut rencontrer les bonnes personnes qui vous propulsent et les mécaniques restent plutôt obscures.
Eddy : On essaie de faire du mailing et de démarcher des labels et autre mais on n’a pas toujours un retour à la hauteur de nos espérances.
Pourtant vos albums ont une qualité qui sonne très pro et votre musique, tout en étant relativement extrême, reste super accessible et mélodieuse…
Eddy : Oui, ça reste accessible pour du death et plutôt mélodieux. On ne fait pas non plus du melodeath mais… mais c’est agréable à l’oreille, c’est sûr.
Thomas : Mais ta question soulève vraiment quelque chose qu’on a du mal appréhender : comment faire que ça marche. Tant qu’on n’a pas passé certains cercles et certains rideaux… Peut-être que même certains groupes qui marchent bien ne sauraient pas expliquer ce qui a les a fait démarrer au départ. Il y a aussi des questions de rencontres.
Vous avez participé à des tremplins…
Thomas : Cette année on est passés au Motocultor grâce à un concours. On a fini premiers sur pas mal de groupes, donc on l’a eu à la sueur du front…
Eddy : Ça faisait quelques années qu’on faisait ce tremplin. Le Motocultor c’était quelque chose qui nous, nous paraissait à notre échelle, parce qu’en termes de dimensions ce n’est pas le Hellfest, ou le Wacken, et cela faisait des années qu’on avait envie de jouer au Motocultor, jusqu’à y arriver grâce à un tremplin.
Thomas : On a réussi à concrétiser ça et on a joué dans de supers conditions, on a assuré le show et on se sent capables d’assurer ce genre de dates. Donc, potentiellement, on est prêts…
Eddy : On est prêts à tout ! (Rires)
Thomas : Typiquement, le Motocultor était un test pour voir si on était capables de se mesurer à ce genre de scène, si on était à la hauteur et concrètement…
Eddy : Ben on s’est sentis bien sur scène. On s’est chié dessus deux jours avant mais sur scène on était super bien…
Thomas : Donc, pour en revenir à la question de départ, c’est vrai qu’on aimerait être un cran au-dessus.
Là, vous avez des dates de prévues ?
Eddy : On a un concert en Suisse ce samedi [26 novembre 2022] et après on a une date en février et une qui reste à annoncer en janvier.
Pour terminer, vous avez déjà un début d’idée pour le prochain album ?
Eddy : Le dernier vient de sortir donc pour l’instant on commence à peine à profiter de cette sortie et de ces retombées mais il va falloir qu’on commence à se pencher dessus.
Thomas : Moi j’aimerais bien faire les 300… Les spartiates.
Avec le costume de scène qui va bien ?
Thomas : (Rires) Moi je suis pas prêt à jouer en toge… Il faudra peut-être qu’on se fasse un peu de body building et qu’on se mette de l’huile sur le torse (Rires)… Mais non pour l’instant on n’a pas encore choisi de thème. Mais d’ici un an…
Eddy : Même six mois…
C’est vrai que votre rythme de sortie est assez régulier…
Eddy : Oui, 2-3 ans, malgré le Covid. Mais en général quand je sors de la préparation d’un album, j’en peux plus parce que ça fait neuf mois que j’ai bossé sur tout un tas de trucs et je ne suis pas prêt à me remettre au boulot avant six à neuf mois…
Pour découvrir (ou redécouvrir) Gohrgone, n’hésitez pas à consulter leur page Facebook où seront annoncées les dates à venir.
Un immense merci à Thomas et Eddy pour leur sympathie et leur disponibilité.
Orsola G.
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