Ghost - Impera

Suède
Loma Vista Recordings
11 Mars 2022
Ghost, c’est un peu le meilleur Community Manager du metal. Rares sont les groupes qui sont capables d’attirer autant la lumière, n’est-ce pas ? A coup de vidéos et de « Message From The Clergy », on est tous pendus aux lèvres de Mr Forge et de son Papa Emeritus 4ème du nom.
Alors, avec autant de montée en tension, on attend beaucoup d’Impera. Tobias Forge s’est illustré par sa capacité à imposer un metal aussi inattendu qu’incomparable, alliant pop, occultisme et un certain groove tout particulier. Que nous réserve donc ce cinquième opus ? Allez, c’est l’heure de la messe.
« Imperium » est jolie. Vraiment, c’est une petite mélodie qui colle des frissons et qui enthousiasme bien plus que de raison à l’idée d’entrer dans Impera. C’est mélodieux et puissant, du Ghost comme on en rêve.
C’est donc plein d’enthousiasme que l’on accueille « Kaisarion ». Et là… Que se passe-t-il ? A-t-on changé d’album sans s’en rendre compte ? Sommes-nous partis sur un illustre titre de Mötley Crüe ? C’est le choc. La vibration est sans conteste hard rock / glam des années 80, cheveux longs ondulés qui flottent dans le vent et pantalon léopard. Non non, nous sommes toujours avec Tobias. Mais que se passe-t-il ? « Kaisarion » laisse… perplexe. Bon, le choc passé, ce titre n’est pas mauvais en soi. On y entend quand même ce petit fond qui fait du Ghost que l'on aime ce qu’il est. Le refrain est catchy, la rythmique sympa, le riff créé quand même un petit titillement qui sauve un peu les meubles !
On en a pris un coup sur « Kaisarion ». Et ça ne s’arrange pas avec « Spillways », qu’on se le dise. Ce morceau s'avère terriblement plat. Même Forge semble affreusement insipide. Rien à quoi se raccrocher sur ce titre, rien qui ne parle, rien qui ne fasse vibrer une quelconque cellule de nos metalbolismes !
Arrivés à « Call Me Little Sunshine », on est pas loin de sortir les mouchoirs. Et pourtant, dès les premières notes du riff, nous le retrouvons, ce Ghost sombre, mystique, occulte et terriblement envoûtant, presque malsain sur les bords. OUF. On y parle de l’enfer, de Mephistopheles… Ah soulagement ! La messe noire serait enfin de retour au sein d’Impera ? Plus drôle encore, on entend des références dans ce morceau, notamment à Queen. On vous laisse trouver pourquoi !
Et on continue sur une bonne lancée avec « Hunter’s Moon » ! Premier opus de l’album, BO du film Halloween Kills, on est en plein dans l’ADN de Ghost avec une ambiance fantasmagorique pop qui n’a plus besoin de faire ses preuves. Le travail sur la guitare solo est vraiment bien réalisé et donne à ce titre toute sa dimension.
Etonnamment, « Watcher In The Sky » se veut plus metal, avec des riffs gras comme on pourrait les retrouver dans les classiques du genre. Ce titre détonne par sa lourdeur rythmique, on s’attendrait presque à se prendre un breakdown au coin du nez. Par contre la construction de ce morceau est assez surprenante et la mise en valeur de paroles qui n’ont vraiment pas la moindre once de poésie est franchement douteuse. En sus, on replonge du côté hard rock. Alors, bien entendu, il est de notoriété publique que Ghost n’a jamais été franchement LA référence en termes de paroles, mais tout de même, on manque cruellement de sens et d’efforts sur ce titre en particulier.
« Dominion » aurait toute sa place sur un film de Burton. On est clairement dans l’éloge funèbre symphonique, et ça apporte un peu de profondeur et d’atmosphère à Impera. Bon, il faut quand même le dire, cet intermède ne sort de nulle part !
Et Forge a encore décidé de nous prendre à revers, puisqu’arrive « Twenties ». Sincèrement, on commence à avoir dû mal à trouver les mots ! Que se passe-t-il au sein d’Impera ? « Twenties » nous propulse dans une espèce de thrash mélodique au ralenti, supportant un Forge des grands jours. Ce morceau n’est pas sans rappeler un certain « Mummy Dust ». L’ambiance comédie musicale satanique se construit dans ses chœurs, ses murmures et ses alternances rythmiques qui nous propulsent dans une espèce de bad trip rétro que Forge se serait créé.
Revirement d’ambiance. On commence à s’habituer à Impera. C’est un spécimen qui ne se comprend que dans son incohérence. Il ne faut s’attendre à rien pour en apprécier les subtilités. Voici donc la ballade, j’ai nommé « Darkness At The Heart Of My Love”. Ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais c’est efficace et bien exécuté, et surtout, c’est du Ghost comme on l’aime ! Sombre et mélancolique, de belles envolées de guitare solo et une ambiance toute particulière. On y entend des touches de death nordique, évoquant Insomnium par exemple.
« Griftwood » arrive avec sa guitare très metalcore. Cette fois c’est Parkway Drive qui nous saute aux oreilles. Quel est donc la sorcellerie de cet album qui en évoque tant d’autres ? La rythmique bascule rapidement vers l’inspiration hard rock qui semble animer Forge. En ce sens, le morceau est un peu moins transcendant, un peu plus plat. On retrouve des coupures batteries / voix qui sont déjà ressorties plusieurs fois au sein d’Impera. On notera quand même la présence de ce qui s’approche d’un breakdown, en mode piano / voix assez inattendu. Le solo renvoie illico à un « Hold The Line » de Toto et sa rythmique mythique.
Nouvel intermède avant le grand final. « Bite Of Passage » instille une ambiance ultra pesante. Il ouvre la voie à « Respite On The Spitalfields », ultime morceau d’Impera. On aime la personnalité de ce morceau. Forge nous propose une jolie performance vocale, avec des touches de ses petites vocalises murmurées à la « Mummy Dust » et de belles mélodies. Et quelle idée de génie de reprendre le superbe riff d’« Impérium » pour clôturer le morceau, et l’album. Ah, on en frissonne encore ! Ce titre est un des, si ce n’est le plus, aboutis de l’album à mon sens.
Difficile de conclure sur un tel album. Impera prend par surprise. Chaque morceau tend vers un univers différent, et que l’on accroche ou pas, chacun trouvera son compte sur au moins un morceau de cet album. Forge a pris une direction globale assumée vers le hard rock sans pour autant délaisser le public avide de ce qui a fait de Ghost ce qu’il est aujourd’hui. On soutient Forge dans son envie d’exploration de nouveaux territoires, et même si l’univers touche globalement moins, il existe des pépites dans cet album, comme « Call Me Little Sunshine » ou encore « Respite On The Spitalfields » qui vont tourner dans notre playlist un bout de temps !
AnnaHell
Tracklist
- Imperium
- Kaisarion
- Spillways
- Call Me Little Sunshine
- Hunter's Moon
- Watcher In The Sky
- Dominion
- Twenties
- Darkness At The Heart Of My Love
- Griftwood
- Bite Of Passage
- Respite On The Spitalfields
Lineup
Tobias Forge (Chant, composition)
Nameless Ghouls
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