ELLENDE - Ellenbogengesellschaft

Genre : Pays : Label : Sortie :

Post-Black Metal Autriche
AOP Records
30 Septembre 2022

Note finale : 9/ 10

 19/09/22

L’humanité est-elle misérable ? Vous avez 48 minutes d’écoute pour réfléchir à cette question.

C’est dans cette ambiance de questionnements existentiels qu’Ellende (traduit littéralement « misère » pour les non-germanophones) nous fait voyager, avec ce quatrième album au nom qu’on ne vous demandera ni d’épeler, ni de prononcer si vous avez esquivé l’allemand en LV2, ne serait-ce que par respect pour l’humble chroniqueuse écrivant ces lignes qui en est elle-même incapable. L’autrichien multi-instrumentiste L.G continue son chemin en one-man-band depuis les débuts de l’aventure Ellende en 2011 et nous offre une nouvelle fois tous ses talents de création, étant à l’origine de la musique, des paroles et de l’interprétation en studio (sauf batterie), mais également de la peinture pour l’artwork d’Ellenbogengesellschaft. Cette œuvre est le second album d’Ellende paru chez AOP Records, mixé et masterisé par Markus Stock au Klangschmiede Studio E.

 Le voyage dans lequel nous invite Ellende débute par une introduction douce et mélodieuse. On est lentement emmenés dans ce cheminement introspectif (Ich Bin), avant de se retrouver complètement ensevelis sous l’intensité fébrile des cris de L.G., scandant l’insupportable immortalité (Unsterblich), au rythme d’une batterie martelant les souffrances. S’ensuit Ruhelos, où l’on redécouvre avec plaisir le mélange des voix de J.J. (Harakiri For The Sky/Karg) et L.G., duo que l’on avait déjà pu apprécier dans le morceau Petrichor (album Dornenvögel de Karg).

Someday, tel un hymne fédérateur, du fait qu’il soit le seul morceau entièrement en anglais et placé au milieu de l’album, offre un interlude en guise de recueillement sur l’universalité de la mort, pour nous préparer à l’arrivée du morceau suivant : Abschied. Traduit littéralement « Adieu », il est le premier clip officiel sorti pour la promotion de l’album et on comprend bien pourquoi : il est la quintessence de l’album, la fin du voyage, la fin de la vie. Les riffs et soli de guitare sont puissants et entêtants, les susurrations de vérités absolues (en anglais toujours dans un texte allemand) couplées à des chœurs apportent la touche solennelle associée à la mort. Enfin, le dernier morceau Verletzlich, qui achève l’aventure, reprend un échange parlé entre le peintre Francis Bacon et son ami critique d’art David Sylvester, sur fond d’arpèges acoustiques, de guitare électrique lancinante et d’une batterie lourde et résonnante.

La mélancolie demeure la marque de fabrique d’Ellende, un sentiment d’impuissance face à l’existence, tout en puissance. L.G. nous offre une fois de plus, tous ses talents, un artiste complet dont l’art ne laisse pas indifférent.

Ma Rine