Cernunnos Pagan Fest XIII - A la croisée des mondes

Au fil de nos déambulations, nous croisons diverses animations adressées aux plus jeunes comme à ceux qui le sont moins : initiation au duel à l’épée, au tir à l’arc, atelier calligraphie… Un joli melting pot d’activités auquel le manant peut participer puisque toute cette partie du Cernunnos que nous venons de décrire est ouverte au public. C’est une belle démarche de l’organisation du festival qu’il nous semble primordial de souligner !

Nous devons mettre en pause notre déambulation dans ce qui s’apparente à la place du marché d’Osgiliath pour aller retrouver Cân Bardd pour une interview. Passage par la partie réservée aux festivaliers, et bien entendu, arrêt au stand pour déguster un hydromel chaud à se damner ! On notera également une belle carte fournie en bières, certaines artisanales, le tout à un prix raisonnable en festival !

Qui dit lieu épique, dit aventure épique. Sans vous donner le contexte, car là n’est pas l’objet de la démonstration, nous tenons à remercier les gentilles dames de la médiathèque de Noisiel qui étaient prêtes à nous prêter leur cuisine quand bien même nous venions de débouler, verre à la main et vestes à patch sur le dos, au sein de leur sanctuaire de calme et de sérénité.

Bref !

Retour à nos moutons. L’interview de Cân Bardd effectuée dans une salle prévue à cet effet, on file aux concerts. Deux salles quasiment conjointes, La Halle et l’Abreuvoir, se donnent la réplique pour accueillir les groupes. C’est malin et bien pratique pour ne pas poirauter entre les concerts !

Ce samedi a été riche en diversité. Pour cette seule journée sont programmés : Les Harpies, Bansidh, Towarb, Vosegus, Wergeld, Hrafngrímr, Cân Bardd, Sowulo, Cuelebre et Fejd.  Côté coups de cœur, on notera deux noms : Hrafngrímr et Cân Bardd.

Imaginez la scène. Vous entrez dans une salle obscure où le silence règne… Non, on déconne. Hrafngrímr a des problèmes techniques et ça les rend d’autant plus attachants qu’ils prennent le sujet à la légère et se mettent à blaguer avec le public. On aime leur humanité et la connexion qu’ils créent avec nous, pauvres badauds dans la fosse. Néanmoins, le concert démarre et on se retrouve téléportés dans une bulle hors du temps, comme hypnotisés par les sonorités puissantes, guerrières et vibrantes qui sont projetées dans la salle. Entre invocations mystiques et chants de guerres, Hrafngrímr nous projette dans les étendues arides des contrées nordiques, à travers l’orchestration de scènes inspirées de la mythologie par le biais d'instruments traditionnels et modernes. Les messages sont universels, et même sans y comprendre un traître mot, la magie de l’atmosphère opère et le set passe en un éclair. Lorsque les lumières se rallument, on a l’impression tenace d’avoir fait un long voyage. Les pensées mettent quelques secondes à se réorganiser, les pieds ont du mal à se relier au sol, et on se sent étrangement bien plus fort et apaisé en quittant La Halle.

Hrafngrímr - Thomas Riquet - Deuskin Photography

A peine remis de nos émotions, nous switchons de salle et d’ambiance. C’est l’heure d’aller explorer les contrées suisses avec Cân Bardd. Etrangement, si les deux groupes s’inscrivent dans deux styles différents, le parallèle est tout fait avec leur capacité respective à créer une atmosphère qui en devient presque palpable tant elle est bien réalisée. Les Suisses versent dans un black atmosphérique qui nous offre de beaux moments aériens et mélodiques, doublés d’une puissance rythmique fracassante sans pour autant casser la musicalité d’une jolie balade dans les paysages helvétiques. On dirait la matérialisation de l’ambivalence. Cân Bardd est poétique, à n’en pas douter. Il inspire le parfum de l’air frais et épicé d’une forêt enneigée, la puissance du torrent qui déferle sans pitié et la mélancolie de mélodies solaires qui appellent au souvenir et à l’émotion. Ce n’est pas un groupe à écouter, c’est une expérience sensorielle à vivre.

Que d’émotions pour cette première journée. La nuit tombe sur le Cernunnos et les flambeaux s’éveillent et dansent sur la place.

 *************************************************

Jour 2, le soleil est au rendez-vous. Au programme aujourd'hui : Wegferend, Trollheart, Sorcières, Verikalpa, Deloraine, Hamradun, Nemuer, Cruachan, Havamal et Skalmold. On attaque en se dirigeant vers le stand de café qui offre milles options pour nous réveiller (et nos papilles aussi). On opte même pour la crème de whisky maison qui ne nous laisse pas de marbre ! De quoi se mettre en forme avant d’attaquer les concerts en douceur avec Wegferend.

Wegferend - Thomas Riquet - Deuskin Photography

Le trio nous prend par la main pour nous entraîner vers un univers ponctué de mélodies délicates, percussions sonnantes et voix chatoyante. Ils nous le diront eux-mêmes lors d’une interview, Wegferend c’est le voyage de celui qui écoute. Les mots sont à prendre pour y inscrire sa propre histoire et ses propres émotions, ils sont un support pour qui veut s’y épancher. Quelle délicate entrée en matière pour ce beau dimanche ensoleillé !

Sans transition, on attrape un hydromel (oui, encore, mais que voulez-vous, on dirait une boisson divine) et on se rend à l’Abreuvoir pour danser avec les trolls. Trollheart retourne la fosse à coup de mélodies épiques et de rythmiques bien senties. L’ambiance est survoltée et on passe un franc moment de rigolade !

Trollheart - Thomas Riquet - Deuskin Photography

Au rayon des moments qui nous ont marqué, on notera Verikalpa qui nous évoque un folklore plus sombre mais teinté de riffs bien funky qui font leur petit effet sur la scène de La Halle.

Enfin, Deloraine veut nous faire danser à l’Abreuvoir ! Entre titres dansants ambiance fiesta à la taverne et propositions plus intenses mettant en avant une chanteuse magnétique à la voix angélique et mélancolique, on passe un beau moment musical. Deloraine c’est aussi une proposition artistique avec une mise en scène travaillée et inspirée de l’univers d’un certain… Witcher.

Deloraine - Thomas Riquet - Deuskin Photography

Les concerts s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. Le Cernunnos nous offre un beau panorama de ce qui définit le Pagan, et on ne saurait que vous conseiller d’aller découvrir tout ça de vos propres yeux (et oreilles).

Deloraine - Thomas Riquet - Deuskin Photography

Vous l’aurez compris, le Cernunnos Pagan Fest est à la croisée des chemins. Entre le mysticisme des langues anciennes et parfois perdues, l’occultisme de ces croyances d’un autre temps et même d’un autre monde, la force des rythmiques guerrières et la douceur des instruments oubliés, on navigue dans une parenthèse temporelle salvatrice qui rend bien compliqué le retour à la réalité.

AnnaHell