Architects - For Those That Wish to Exist (+ Live at Abbey Road)

Epitaph Records
26 Février 2021 - 25 Mars 2022
[17 mai 2022]
Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui on va prendre un parti un peu spécial. A l’occasion de la sortie de l’album d’Architects, For Those That Wish To Exist en version Live at Abbey Road, avec la présence du Parallax Ochestra et enregistré donc en ce lieu mythique que sont les studios d’Abbey Road, on a décidé de réaliser une chronique biphasée, tantôt studio, tantôt live.
La version studio est sortie le 26.02.2022, le live d’Abbey Road, le 25.03.2022. On a choisi de se plonger dans l’album originel en premier lieu, pour finir par s’intéresser à son pendant live.
L’introduction, « Do You Dream Of Armageddon » nous plonge dans une ambiance hors du temps et de l’atmosphère terrestre. On s’élève avec Architects vers d’autres univers, et vous verrez à quel point la prise de hauteur est de mise au sein de For Those That Wish to Exist.
« Black Lungs » nous invite à entrer directement dans ces morceaux qui restent en tête et dont Architects a le secret. Une voix saturée comme claire totalement maîtrisée et une rythmique qui nous propulse sur des montagnes russes. Ce titre est un aveu de culpabilité de l’humanité sur le sort de la Terre, formalisé dans un discours travaillé et recherché. Architects maîtrise les mots, on le sent dès ce premier titre.
« Giving Blood » est plus énergique et énigmatique. Le riff évoque des signaux issus du fin fonds de l’univers, inquiétants et mystérieux. La rythmique se construit comme un crescendo en seconde partie de morceau, comme une prière qui s’élève et prend en ampleur.
« Discourse is Dead » offre une ouverture planante, rapidement rattrapée par un Carter bien énervé. Le refrain est terriblement catchy, aucune surprise pour une œuvre d’Architects finalement ! « Discourse is Dead » est un coup de gueule contre l’égoïsme, contre les intérêts politiques qui détournent du droit commun. Ce morceau est une savante alliance de passages intenses et d’envolées orchestrales et atmosphériques.
Continuons justement dans l’ambiance mystique dont est clairement imprégné For Those That Wish To Exist avec le très beau « Dead Butterflies ». Sam Carter joue la carte de la mélancolie, soutenu par un riff absolument magique et une instrumentalisation qui fait prendre une certaine hauteur sur la réalité. La rythmique est assez inconventionnelle, donnant à ce titre, comme à tout l’album à ce stade, une vraie personnalité. On flotte avec Architects et ses papillons, dans l’entre-deux mondes.
Et la violence déferle. « An Ordinary Extinction » s’invite en brutalité, dans un combo métalcore électro qui détonne dans le paysage. Le headbang s’impose, les basses sont présentes, Sam Carter est infernal, c’est un vrai déchainement sur tous les plans, sans pour autant perdre de vue la musicalité qui caractérise Architects.
Le souffle coupé ? Ça ne va pas aller en s’arrangeant. « Impermanence » démarre et offre sa rythmique lourde et brutale de bout en bout. Le morceau s’offre des reliefs sur des breakdowns savamment orchestrés et par la présence de Winston McCall (Parkway Drive), véritable maître dans la puissance vocale. Le tout baigne dans une atmosphère à nouveau réellement travaillée et qui engage d’autant plus dans cet album. Bref, il est parfaitement normal d’avoir envie de tout casser en écoutant ce titre.
« Flight Without Feathers » est une jolie pause aérienne et délicate.
On reprend avec le mode electro beat. « Little Wonder » se déroule sans accroc, jouissant toujours d’un refrain facile à l’oreille et à la mémoire qui entraînera les foules sans aucun doute ! Les paroles sont un bon coup de gueule contre l’inaction de l’humanité face à sa propre déchéance. On a l’occasion d’apprécier la présence de Mike Kerr (Royal Blood).
Pas le temps de reprendre pied. « Animals » déferle avec sa rythmique infernale, le genre qui donne envie de casser des assiettes. Ce titre est d’un intérêt tout particulier, qu’on s’intéresse à sa musicalité, vibrante, rythmée et terriblement atmosphérique à la fois, ou à ses paroles qui déplorent, encore une fois, une certaine passivité de la race humaine qui, finalement, se comporte comme une bande d’animaux incapables de se mobiliser pour leur propre survie.
« We are the rust worshipping the rain » (Nous sommes la rouille adorant la pluie). Si vous ne deviez retenir qu’une phrase de For Those That Wish to Exist, quelques mots qui résument parfaitement la ligne directrice de cet album, de l’inaction humaine face à tous les maux qu’elle impose au sol sur lequel elle bâtit ses foyers, dont elle se nourrit, sans lequel elle ne serait pas, de sa naïveté face à ceux qui la mènent par le bout du nez, alors retenez ceux-là. « Libertine » est un enchaînement de paradoxes qui raviront les plus littéraires d’entre nous.
On sentait la rage qui remontait d’un cran avec « Libertine », et « Goliath » prend l’appel d’air. Construction classique de la part d’Architects, offrant toujours ce contraste entre des rythmiques puissantes et carrées et la voix aérienne et angélique de Sam Carter, ce morceau offre une bonne dose d’explosion, le tout saupoudré de la présence de Simon Neil (Biffy Clyro).
C’est l’envolée vers le firmament. « Demi God » nous emporte dès ses premières secondes sans prévenir. Légèreté, guitare spectrale, l’ambiance se construit dans chaque recoin de ce titre aux accents orchestraux marqués.
« Meteor » porte bien son nom, puisque que ce titre renoue avec un rythme plus soutenu, presque dansant. C’est une très belle ouverture musicale que nous offre Architects sur ce titre. La poursuite se démarque peut-être un peu moins du reste. Toujours est-il que le météore déferle et que la fin est proche.
« Dying Is Absolutely Safe » démarre sur une guitare qui n’est pas sans rappeler la langueur des titres d’Insomnium. Le désespoir, si ce n’est de la résignation de prime abord, est perceptible dans la voix de Sam Carter. Loin de rendre les armes, Architects propose un dernier tour de piste musicalement apaisant, mais loin d’être apaisé, le ton est plutôt celui de la prière, de l’espoir d’une solution, de la lumière au bout du tunnel.
Il y a un vrai potentiel orchestral inné sur cet album. Le défendre sur scène sans les cordes, vents et autres percussions, ce serait passer à côté de l’âme de For Those That Wish to Exist. On imagine sans peine que c’est dans cette optique qu’une version live nous est proposée, au sein d’Abbey Road, et avec un orchestre donc. Alors, est-ce que cette seconde version apporte vraiment quelque chose, la dimension orchestrale ayant déjà toute sa place sur la version studio ?
Oui, c’est indéniable.
L’introduction, « Do You Dream Of Armageddon » prend toute son envergure sur la version live d’Abbey Road, sans l’ombre d’une hésitation. Les cordes sont hurlantes, on ressent une vraie mélancolie et une déchirure qui ne saurait être mieux exprimée que par la mise en valeur du piano et des cordes dans cette version, à tel point que la voix en est totalement absente. Pour autant, les deux jumelles sont fondamentalement différentes, alors la comparaison n’est pas évidente. « Giving Blood », « Discourse is Dead », « Libertine », « Goliath » ou encore « Dying Is Absolutely Safe » prennent une dimension drastiquement différente. Certains titres changent complètement d’identité, à l’image de « Little Wonder ». On regrette parfois les sonorités électro qu’on peut retrouver sur « An Ordinary Extinction » qui perd un peu de ses nuances, mais offre d’un autre côté une version qui sera peut-être plus douce et moins hérétique à l’oreille de certains. On nous a rapporté l’importance de la cloche que l’on peut entendre en version live du titre « Impermanence », à mettre en balance avec l’absence de Winston McCall (Parkway Drive) … chacun se rangera dans le camp de son choix sur ce point ! L’album live est par ailleurs l'occasion parfaite de souligner le talent de Sam Carter qui nous offre une panoplie vocale impressionnante sur des titres tels que « Dead Butterflies », « Flight Without Feathers » ou « Libertine ».
Cette seconde version offre donc des subtilités captées par un énorme travail d’arrangement instrumental. Les titres prennent une dimension supplémentaire, plus de relief et d’âme. On aurait presque l’impression d’être face à face avec Architects, dans une ambiance intimiste pour un show joué à huis-clos.
For Those That Wish to Exist est un album colossal. Que ce soit dans ses titres, dans son arrangement, dans le choix de ses guests, dans ses messages, dans le travail qui a dû être abattu pour proposer une telle production, cet album est une pierre angulaire dans la carrière d’Architects qui nous démontre un professionnalisme et une identité forte. Les deux versions offrent chacune une identité marquée qui permet de s’accommoder au mieux de la profondeur et de l’ambiance proposées. Que l’on verse plutôt vers le symphonique ou le metalcore, Architects a pris le pas de combler toutes les envies. Le mot de la fin serait un remerciement à l’engagement profond du groupe envers des questions sociétales aussi cruciales que parfois (souvent) ignorées. Architects se fait porte-parole d’une Humanité en dérive, d’une planète à bout de souffle, et d’un profond désir d’éveil des consciences.
AnnaHell
Tracklist
- Do You Dream Of Armageddon
- Black Lungs
- Giving Blood
- Discourse Is Dead
- Dead Butterflies
- An Ordinary Extinction
- Impermanence
- Flight Without Feathers
- Little Wonder
- Animals
- Libertine
- Goliath
- Demi God
- Meteor
- Dying Is Absolutely Safe
Lineup
Sam Carter (Chant)
Alex Dean (Basse)
Dan Searl (Batterie)
Adam Christianson (Guitare)
Josh Middleton ( Guitare)
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