Slaughter to Prevail - Kostolom

Slaughter to Prevail - Kostolom
Genre : Pays : Label : Sortie :
Deathcore
Russie / Angleterre
Summerian Records
13 Août 2021
Note finale : 7,5 / 10

 

Slaughter to Prevail est un jeune ado dans le monde du deathcore. Avec sept ans d’existence, et trois albums à son actif, le groupe russo-anglais s’est forgé une solide réputation dans le milieu, perçant au passage les frontières russes, ce qui n’est pas une mince affaire. Le groupe subit par ailleurs des critiques récurrentes en Russie, concernant leurs paroles considérées comme trop violente, menant parfois à l’annulation de concerts dans le pays d’origine d’Aleksandr Shikolai, dit Alex Terrible (chant), Mikhail "Mike" Petrov (basse), Evgeny Novikov (batterie) et Dmitry Mamedov (guitare). Parait-il que le métal n’a pas bonne presse au pays des chœurs rouges…L’Angleterre, quant à elle, est fièrement représentée par Jack Simmons (guitare), membre fondateur du groupe.

Alors, Slaughter to Prevail, c’est quoi exactement ? Le groupe représente presque un genre à part à lui seul. Cette singularité est encore plus marquée sur Kostolom, avec des alternances de metalcore, death et de nu metal qui ne sont pas sans nous rappeler un certain groupe originaire de l’Iowa. Ajoutez à cela une touche unique avec les passages vocaux interprétés en russe, et on obtient un cocktail bien bien énervé.

En parlant de ça, Kostolom démarre sur « Bonebreaker » (traduction anglaise du nom de l’album). Et pour ce qui est d’écraser, c’est clair qu’ils ne font pas les choses à moitié. Le morceau commence sur un décompte qui fait monter la pression jusqu’à être accueilli par le growl écrasant et caverneux d’Alex Terrible qui semble venir du plus profond de ses entrailles. La rythmique est précise et on se laisse entraîner sans se poser de questions, si ce n’est de savoir si les muscles de la nuque vont tenir la cadence pour les onze titres à venir. Le chant clair est surprenant mais permet d’accrocher sur des paroles, en anglais, dans lesquelles chacun se retrouve.

On poursuit sur « Demolisher » (oui, il y a clairement une tendance dans cet album). L’ambiance penche plus sur les racines death du groupe avec des rythmes soutenus et intenses, très bien soulignés d’une grosse caisse efficace et maitrisée. On notera tout de même un breakdown parmi les plus lourds de l’album qui vient casser le rythme, et les cervicales.

Une petite berceuse après toute cette violence ? Laissez donc Alex Terrible susurrer quelques mots à votre oreille sur « Baba Yaga ». Personnage fort du folklore slave, Baba Yaga serait un genre de sorcière qui sévit dans les contes pour enfant. Déjà c’est pas rassurant. Mais quand c’est Slaughter to Prevail qui vous en parle, avec une voix qui semble tout droit sortie de vos pires cauchemars, ça a de quoi créer des traumas. Pour autant, le titre dans sa globalité est relativement plus « calme », avec des passages en voix claire qui apaisent les tympans sur un arrière-plan très nu metal. On pointera également le solo de guitare qui créé une atmosphère quasi-mystique.

A mon sens « Made in Russia » est un hommage non dissimulé à Slipknot. L’attaque rythmique est très similaire à ce qu’on a pu retrouver au cours de la carrière de ces derniers. Nuance tout de même sur ce breakdown qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui découpe complètement la vibe nu metal. Côté paroles, on est sur un hymne de cet album (“Do not tell me what to wear, What to eat, how to think, how to live”).

Zavali Ebalo (littéralement, « Shut Up ») est un morceau à la rythmique facile menée par une batterie groovy à souhait. L’influence de Slipknot est encore très présente. C’est surtout dans ses connotations nu metal que le morceau se démarque, car il ne ressort sinon pas franchement spécialement de l’album à mon sens. Le constat est le même pour « Agony ».

« Your Only » détonne (mais pas négativement) dans l’ambiance générale avec un refrain mélancolique renforcé par une voix claire très présente et des paroles qui restent en tête, le tout saupoudré d’une guitare mélodique relativement absente sur le reste de l’album. Mais pas de panique, « I Killed a Man » recadre la trajectoire avec une dynamique très death metal, sombre et énergique. Ce morceau propose une profondeur très intéressante et assez envoutante, jouant sur une guitare qui fait planer une atmosphère toute particulière. On sent qu’il y a eu un vrai travail sur l’ambiance dans ce titre.

Bratva et Ouroboros sont des morceaux un peu plus plats, mais qui fonctionnent bien quand même.

La fin de l’album prend une tournure plus abstraite et bien moins abordable que le début. « Head on a Plate » prend le parti d’une construction plus chaotique et beaucoup moins limpide que ce à quoi Slaughter to Prevail nous a habitué sur les morceaux précédents. Cette rupture s’inscrit également sur les paroles qui prennent un tournant religieux surprenant dans cet album qui est une vraie ode à l’élévation contre le système. La thématique se confirme avec « Father », dernier titre de l’album, qui est toujours assez perturbant.

On a l’impression qu’avec Kostolom, Slaughter to Prevail a voulu faire un compromis entre sa volonté de conquérir un nouveau public à l’international et l’importance de ses racines. La phase d’attaque de l’album est majoritairement composée de morceaux abordables intégrant une bonne partie de paroles anglophones. Les titres fonctionnent terriblement bien et invitent à poursuivre. Ma lecture de cet album est qu’à mesure que l’on s’enfonce dedans, Slaughter to Prevail nous dévoile de plus en plus sa nature profonde pour arriver sur des titres plus personnels et moins carrés dans leur structure, avec des paroles strictement écrites en russe, et qui traitent de sujets moins parlants au premier abord. Exception faite sur « Father » qui clôture cet album, et dont le choix pour mettre un point final à cette descente vers les racines me laisse perplexe.

Avec l’atmosphère unique créée autour d’eux, de leur langue, de leur style et de leur culture, les mecs de Slaughter to Prevail sont en train de se construire une solide image dans le paysage du death métal. Kostolom est une démonstration de maîtrise tant musicale que vocale. Le growl est unique et parmi les plus puissants qu’il m’ait été donné d’entendre. La bande d’Alex Terrible n’est pas là pour enfiler des perles, autant dans ses paroles que dans son instru, ce qui fait du genre un vrai exutoire. Là-dessus, on ne peut que saluer la démarche. Parallèlement, et c’est une volonté intrinsèque notamment exprimée par Jack Simmons lors d’interviews, le groupe se fout bien du « qu’en dira-t-on », et veut faire ce qui lui parle. Et là encore, que dire d’autre qu’Amen ? Une chose est sûre, on n’a pas fini de voir le Kid of Darkness dans les parages, et c’est tant mieux !

AnnaHell


Tracklist

  1. Bonebreaker
  2. Demolisher
  3. Baba Yaga
  4. Made In Russia
  5. Zavali Ebalo
  6. Agony
  7. Your Only
  8. I Killed A Man
  9. Bratva
  10. Ouroboros
  11. Head On A Plate
  12. Father
4:25
3:36
4:15
3:55
3:51
3:57
3:53
4:05
4:50
3:51

 

Lineup

Aleksandr Shikolai (Chant)

Mikhail "Mike" Petrov (Basse)

Evgeny Novikov (Batterie)

Dmitry Mamedov  (Guitare)

Jack Simmons ( Guitare)

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