Insomnium - Argent Moon

Finlande
Century Media Records
17 Septembre 2021
Avis aux fans de ballades et de mélodies profondes, mélancoliques, celles qui vous arracheraient presque des larmes tant elles percutent l’âme et le cœur, le nouvel EP d’Insomnium est pour vous. Les Finlandais ont décidé, pendant la pandémie, de laisser quelque peu de côté les batteries rythmées et les guitares appuyées pour transmettre toute la langueur que cette période leur a inspirée à travers Argent Moon. Alors prenez une longue inspiration, fermez les yeux, et laissez-vous emporter pour vingt-trois minutes de méditation.
C’est à la guitare sèche que s’ouvre « The Conjurer », premier morceau d’Argent Moon, unique EP du groupe en près de vingt-cinq ans d’existence. La douce mélodie proposée se voit rapidement envahir tout l’horizon des tympans avec le renfort d’une guitare électrique absolument déchirante qui nous proposera d’ailleurs un solo impeccablement intégré plus tard dans le morceau. Sans trop le contrôler, l’esprit divague sur ce morceau mid-tempo, renforcé par un scream puissant mais mesuré, et l’on part vers des contrées lointaines. A noter que chaque morceau de cet EP est agrémenté d’un clip qui renforce indéniablement l’esprit très très mélancolique, et qui, chacun a sa manière, traite de son sujet propre. « The Conjurer » parle de rupture, des chemins divergents que deux personnes peuvent prendre, du manque de l’être aimé, de la colère… Le tout dans un enchaînement de superbes tableaux interprétés par un Sevänen, dont la voix, bien qu’un poil monocorde, traduit toute la profondeur des sentiments derrière les mots. Le conjureur arrachera les étoiles et la lune du ciel pour que jamais sa moitié ne puisse les regarder avec quelqu’un d’autre.
« The Reticent » est plus sombre dans sa mélodie. L’ensemble joue moins sur l’occupation de l’espace que le morceau précédent. La batterie joue davantage sur les toms et sur une rythmique plus « tribale ». Pour autant, on saluera une très belle guitare solo qui vient apporter cette mélancolie si caractéristique. Le chant clair prend plus d’ampleur, offrant plus de nuances aux paroles, humanisant fortement le morceau et traduisant le sentiment de futilité de l’existence et les questionnements fondamentaux sur le sens de la vie. Je comprends que celui dont on parle est doué d’une certaine clairvoyance sur le non-sens de l’existence, et qu’en conséquence, il ne veut pas s’y investir. Au global, ce morceau joue beaucoup sur les intensités, alternant des passages doux à la voix clair et des moments forts renforcés par le scream.
Le tempo ralenti sur « The Antagonist ». L’accent est clairement mis sur le chant, notamment à travers un refrain en voix claire accompagnée par la guitare sèche, le tout créant une ambiance toute particulière. La puissance monte crescendo le long du morceau, pour atteindre son apogée sur les dernières mesures, très rythmées et embrassant le retour de la guitare solo au premier plan. Le contraste entre l’ambiance générale de ce morceau et son thème est assez intéressante car finalement, c’est peut-être le morceau le moins saisissant d’un point de vue musical, et pourtant les paroles sont terriblement tristes. Discours d’un homme ayant probablement fait le mal durant son existence, on éprouverait presque de la sympathie pour celui dont le souvenir va s’effacer, dont personne ne va se rappeler, ni ne veut honorer le nom. Les regrets pour des actes commis de son vivant, la crainte de celui qui est craint… l’antagoniste de sa propre vie.
Le démarrage de « The Wanderer » n’est pas sans rappeler celui de « The Conjurer ». Clin d’œil volontaire ou non, j’aime assez que le début et la fin se répondent. Nous sommes donc à nouveau accueillis par une jolie guitare sèche, et si vous souhaitiez une chanson teintée d’espoir pour clôturer Argent Moon, effacez ce vœu illico. « The Wanderer » n’apporte ni le repos, ni l’espoir, ni la joie. C’est au contraire l’histoire d’une errance perpétuelle, du temps qui passe et qui rend tout terriblement pesant, et la langueur, l’attente de la libération qui ne vient pas, devient une obsession. Sympa hein ? Musicalement, ce morceau ne ressemble à aucun autre, que ce soit au sein d’Argent Moon, mais plus globalement également, Insomnium a voulu faire de « The Wanderer » une exception. On embarque donc dans un crescendo sur plus de six minutes, montant en intensité sur tous les plans à mesure que passent les secondes. D’une guitare sèche à une guitare électrique omniprésente, d’un chant clair à un chant saturé, d’une batterie axée sur les basses à une présence rythmique et claire de plus en plus puissante, Insomnium construit une sortie de haut vol sans retour en arrière, jusqu’à s’arrêter sur un final assez inattendu. Une voix claire donne la réplique à une voix saturée, la guitare sèche est de retour et nous entraîne dans une espèce de danse sous le clair de lune, accompagnée d’une batterie bien rythmée. J’y entendrai presque des accents sous-jacents de Ghost. A n’en pas douter, ce morceau ne ressemble à aucun autre.
Alors arrivée au terme de ce voyage, une question me taraude. Est-ce la voix ou la guitare qui a le monopole de l’expression de l’émotion au sein d’Argent Moon ? Je pencherai peut-être pour les cordes. Mais ça n’enlève en rien le travail poétique sur les paroles de cet EP. L’idée de traverser des âmes en peine et de traduire des pensées aussi universelles autour de quatre morceaux ayant chacun leur propre identité, ça frôle le chef d’œuvre. Ajoutez à cela les quatre clips qui les accompagnent et qui transposent visuellement l’expression de ces personnalités…C’est sublime, je crois qu’il n’y a pas grand-chose à ajouter.
AnnaHell
Tracklist
- The Conjurer
- The Reticent
- The Antagonist
- The Wanderer
Lineup
Niilo Sevänen (Chant, basse)
Markus Hirvonen (Batterie)
Markus Vanhala (Guitare)
Ville Friman (Guitare,chant)
Jani Liimatainen (Guitare,chant)
Artistes similaires
Dark Tranquility
Laissez un commentaire