Ex Deo - The Thirteen Years Of Nero

Ex Deo - The Thirteen Years Of Nero
Genre : Pays : Label : Sortie :
Roman Metal
Canada Napalm Records
27 Août 2021
Note finale : 9 /10

 

 Aujourd’hui, on va donner dans l’originalité. On connait tous le métal viking ou le métal celtique. Mais connaissez-vous le métal romain ?

Ex Deo, c’est l’histoire d’amour du death metal et de l’Empire Romain. Né sous la coupe de Kataklysm comme un supergroupe « annexe » permettant à son initiateur, Maurizio Iacono, d’assouvir le désir de faire honneur à ses racines italiennes (bien que Canadien de naissance), Ex Deo rejoint le genre « Roman Metal » avec d’autres noms tels qu’ADE (même si le style n’est pas comparable). 

Formé en 2008, Ex Deo n’en est pas à son coup d’essai puisque The Thirteen Years of Nero est son 4ème album. Et que dire, si ce n’est que la petite armée composée de Iacono (chant), Dagenais (guitare), Kling (batterie), Wijers (orchestre) ne laisse rien au hasard. Je me dois de m’arrêter un peu sur l’aspect « construction » avant de rentrer dans le vif musical du sujet. Ex Deo, c’est un projet qui rend hommage à l’Empire Romain, et de fait, comme le dit Iacono lui-même, rien ne doit être laissé au hasard quand on traite de sujets historiques. C’est pour cela, par exemple, que le premier album du groupe s’intitule Romulus (même si vous n’avez pas suivi en histoire à l’école, je suis quasi certaine que vous comprendrez). Dans chaque album, Iacono traite d’un sujet avec le souci du réalisme, tout en rendant le thème abordable et intéressant. C’est comme ça qu’on se retrouve projeté dans les Guerres puniques avec The Thirteen Years of Nero (là je vous en veux pas, j’avoue que ce passage des cours d’histoire a été effacé de ma mémoire). Somme toute, The Thirteen Years of Nero, au même titre que l’œuvre d’Ex Deo au global, est un vrai travail de passionné, dont le souci n’est ni la pression de sortir des albums pour contenter les foules, ni l’envie de vendre des titres commerciaux qui fonctionneront forcément, ou encore de tourner à tout prix. Non, Ex Deo c’est transmettre sa passion, rendre justice à ce pan de l’histoire qui a marqué Iacono et prendre le temps qu’il faut pour le faire bien. Et spoiler alert : ça marche.

L’album démarre sur « The Fall of Claudius », ouverture qui met d’office dans le bain avec un discours politique de Claudius visant la justice, la corruption, la cupidité. Petite parenthèse historique, car on ne peut analyser la qualité de cet album sans en saluer sa mission première, à savoir, l’hommage qu’il rend. C’est très joliment fait. Claudius bégayait et souffrait de divers maux. Si on est attentif, on entend un bégayement dans le discours d’ouverture du morceau. Sans compter qu’Agrippina, dont il est question dans le morceau, enfante d’un garçon qu’elle fait adopter par Claudius avant d’empoisonner ce dernier pour donner le trône à son fils. Et ce fils n’est autre que Néron.  

Musicalement, ce morceau instille une ambiance pesante, presque militaire par la puissance de ses basses et sa batterie rythmique. Les paroles sont à mi-chemin entre la rage et le désespoir, traduisant l’impuissance d’un homme qui fait de son mieux mais que la fatalité n’épargne pas. Alors certes, on parle de l’Empire Romain, mais je suis certaine que l’on peut tous s’identifier à ces mots.

On continue avec « Imperator », morceau tout en puissance avec des chœurs, une ambiance orchestrale imposante et des paroles, comme une prière, qui s’élèvent au milieu de cette atmosphère inquiétante. Le morceau transcrit l’arrivée de Néron sur le trône, et comme le traduit si bien l’aura du morceau, on descend encore d’un cran dans l’angoisse (n’oublions pas que Néron a grandit dans une ambiance digne de Game Of Thrones, et qu’il finira par assassiner plusieurs membres de sa famille, dont sa propre mère).

Si les deux premiers morceaux vous ont plongés dans un genre d’état second, « The Head of the Snake » devrait vous remettre quelque peu les pieds sur Terre. Les rythmiques sont plus vivaces et le chant plus varié, offrant quelques passages de scream aigu qui nous raccrochent au death. Pour autant, les chœurs en arrière-plan, l’orchestre particulièrement présent sur ce morceau et les paroles terriblement haineuses ne nous aident pas à sortir de cette espèce d’angoisse musicale constante. Le petit point historique ? A vos ordres. Ce morceau est un règlement de compte et / ou un hommage de Néron envers sa mère, vile manipulatrice, que Néron accuse de lui avoir implanté des idées noires et sordides dans la tête, desquelles résulterait, entre autres, l’assassinat qu’il a perpétré sur son frère, Britannicus.

« Boudicca » est un morceau beaucoup plus mélodique, que ce soit par son riff qui reste en tête, son solo de guitare qui délie l’atmosphère guerrière qui entoure cet album ou encore par la présence vocale de Brittney Slayes (Unleash the Archers) qui offre un passage lyrique intéressant. On n’oublie pas pour autant les chœurs, les passages parlés qui ajoutent une dimension « historique » et épique, et la puissance vocale de Iacono qui s’impose en vrai leader. Côté histoire, ce morceau dépeint l’annexion de la Grande-Bretagne par l’Empire Romain et le rôle de la reine Boudicca.

Arrivés à « Britannia 9th At Comuldonum », je dois avouer que l’on rentre dans une certaine routine. L’accent est d’avantage mis sur l’orchestration, avec une batterie militaire, des cordes aigües absolument infernales qui donnent l’impression d’entendre des hurlements, des bruitages de chaînes et autres joyeusetés qui transpirent la violence de l’occupation des territoires britanniques qui est instrumentalisée dans ce morceau.  C’est parfaitement exécuté, pour autant, j’ai le sentiment que l’on tourne beaucoup sur le même schéma.

« Trial of the Gods » offre une pause bienvenue. On repart sur « The Fiddle & The Fire » à l’ambiance presque doomesque (si si, ça existe) offerte par un tempo lourd et riche en basses. Au-delà de cela, le morceau reste relativement ancré dans le schéma de l’album, ce qui n’est pas mauvais en soit, mais qui ne le détache pas tellement du reste pour autant. Petit plus tout de même, une jolie tournure au niveau des paroles de ce morceau. On sent dans les mots que l’album prend une tournure très sombre, et que l’on approche d’une fin inéluctable. « Son of the Deified » et « What Artist Dies in Me » offrent une belle prestation orchestrale. « The Revolt of Galba » traite logiquement de la fin de Néron.

Conclusion, si votre gamin a un exam sur l’Empire Romain, mettez lui Ex Deo en berceuse. Enfin, sauf s’il est un peu fragile car The Thirteen Years of Nero est une véritable descente aux enfers qui prend un goût tout particulier lorsque l’on intègre qu’il s’agit là d’un récit historique instrumentalisé. Je ne suis pas convaincue que cet album soit de ceux que l’on écoute facilement en toutes circonstances. C’est une œuvre qui se savoure dans sa globalité orchestrale et historique, et qui, malgré son parti pris très marqué, ne délaisse pas la qualité musicale assurée par des musiciens chevronnés. En conclusion : venidi, audivi, amavi !

AnnaHell


Tracklist

  1. The Fall of Claudius
  2. Imperator
  3. The Head of the Snake
  4. Boudicca (Queen of the Iceni)
  5. Birtannia 9th at Comuldonum
  6. Trial of the Gods
  7. The Fiddle & The Fire
  8. Son of the Deified
  9. What Artist Dies in Me...
  10. The Revolt of Galba
6:32 4:07 4:05 5:06 4:37 2:57 5:00 5:13 6:11 4:42

                                                                                  

Lineup

Maurizio Iacono (Chant)

Clemens Wijers (Ochestre)

Jeramie Kling (Batterie)

Jean-François Dagenais (Guitare)

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