Attila - Closure

Attila - Closure
Genre : Pays : Label : Sortie :
Metalcore
USA
Auto-production
23 Juillet 2021
Note finale : 7 / 10

 

 

Court mais intense, voilà comment on pourrait résumer la dernière production d’Attila. L’équipe originaire d’Atlanta nous propose trente minutes de ce qui s’approche étrangement d’une introspection… un peu tordue. 

Closure s’inscrit sans surprise dans les codes musicaux du groupe avec une batterie rythmique bien présente, des riffs la plupart du temps plus brutaux que mélodiques, un scream bien assumé et des breakdowns à se taper la tête par terre. Au niveau des paroles, on à affaire à du grand Attila avec un champ lexical très rock’n’roll, alternant entre le sexe (on notera le mémorable « Fucked your bitch, yeah, she sucked my dick » de « Metalcore Manson »), les drogues (en l’occurrence l’alcool, avec « Day drinking » ou « Shots for the girls ») et les récits nostalgiques de déboires illégaux. 

Pour autant, ce serait injuste de limiter Closure à un étalage de paroles crues traduisant la vision des paradis artificiels d’une bande de mecs sous substances. Et c’est là que l’idée de l’introspection intervient. 

Reprenons depuis le départ. Cet album apparait assez clairement comme une exposition des facettes d’Attila. L’album s’ouvre sur « Anxiety », morceau qui en impose par la violence de ses breakdowns mais aussi par ses paroles traitant d’une angoisse profonde, voire à demi-mots, de la dépression. Un aveu d’humanité au milieu du tableau de débauche dépeint par les gars d’Attila ? Possible, car vient ensuite la colère, sur « Empty Clip ». La voix monocorde de Fronzak sur les trente premières secondes impose un climat pesant bien accordé au thème du morceau, à savoir un règlement de compte. Envers qui ? Peut-être celle qui l’accuse d’avoir abusé sexuellement d’elle alors qu’elle était mineure ? Ou contre celle qui accuse Kalan Blehm des mêmes-faits ? Ou encore celle dont les accusations de viol ont conduit leur ancien batteur, Bryan Mcclure, à l’exclusion du groupe l’an passé ? Notons que ces trois histoires ont lieu en juin 2020. Dès février 2021, Marilyn Manson voit pleuvoir les plaintes à l’encontre de sa personne sur des faits attenants aux abus sexuels. Le rapport me dites-vous ? « Metalcore Manson »Le clip du troisième morceau de Closure sort en avril 2021 sur les plateformes de streaming. Et si Fronzak dément la référence à Marilyn Manson, qu’il attribue à Charles Manson, j’ai du mal à ne pas retrouver la piscine de « Tainted Love » de l’Antéchrist dans le clip de « Metalcore Manson ». Choix assumé ou acte manqué… c’est un tollé chez les fans. Et puis, Charles Manson, sérieux ? 

Mais passons avant que cette revue ne vire au billet d’humeur. « Metalcore Manson » est un morceau qui reste dans la tête, bien plus qu’on ne le voudrait étant donné ses paroles… NSFW. Soyons clairs, ce morceau, s’il avait été servi à la sauce rap US sur MTV m’aurait donné envie de vomir. Pourtant, à coup de rythmiques metalcore bien senties et efficaces mixées à un rap groovy et surprenant, j’ai plutôt envie de filer en fosse pour jumper en rythme. A servir aux nostalgiques d’ « About that Life » ! 

Arrive alors sur la table, ou plutôt sur le comptoir d’un saloon du Far West, « Day Drinking ». Officiellement nominé comme morceau tombant comme un cheveu sur la soupe, on se retrouve projeté dans une ambiance country complètement inattendue, mais qui offre un twist intéressant à l’album. Je ne vous ressers pas le couplet sur les paroles. Non vraiment, je pense qu’on s’y attardera sur d’autres morceaux plus intéressants. 

Justement, arrêtons-nous un instant sur « Broke & Happy » qui apporte une (petite) étincelle d’espoir. On retrouve un peu de profondeur avec un traité à la Attila sur les galères des débuts d’un groupe de metalcore aux Etats-Unis. Musicalement, ce morceau fonctionne, on ne peut rien lui reprocher. Les basses sont envahissantes et prenantes, l’alternance entre les rythmes entraine le headbang facilement. 

« G-Squad » renoue avec la gangsta vibe entamée par « Metalcore Manson », appuyée par un backtrack rap US. Un hommage à Atlanta, berceau du rap ? 

On notera l’efficacité du refrain catchy de « Shots for the Girls ». Niveau paroles, avec un peu de bonne volonté, j’y trouve une lecture sur la dépendance à l’alcool… 

Même constat pour « Viva Las Vegas », le refrain fonctionne terriblement bien et ça sauve le morceau. J’ai essayé de trouver un rapport avec le morceau d’Elvis, mais j’ai laissé tomber. 

« Cancelled » arrive comme une bouée de sauvetage. C’est violent, ça fait mal, mais c’est bienvenu dans Closure qui commençait à doucement me fâcher. Le riff cloue au sol et le scream bien énervé nous entraîne vers une rage à la hauteur des paroles prononcées par un Fronzak qui semble avoir quelques envies de meurtre. 

Le final est efficace avec « Clarity ». Attila joue la carte de la maturité avec une partition claire et précise de bout en bout. Une belle conclusion à cette introspection, où Fronzak reprend de la hauteur et une certaine confiance qui semblait, jusqu’alors, noyée sous des litres de substances en tous genres. 

Alors que penser de Closure ? Dans l’ensemble, cet album est schizophrène. On tangue entre des morceaux superficiels qui semblent écrits par des ados en première année de fac et des propositions plus matures et travaillées. C’est dommage, car globalement, les sujets abordés par Fronzak et sa bande sont universels : le sexe, les relations passées, la vengeance, le manque de confiance… mais la forme manque. Avec les histoires sulfureuses et tumultueuses des membres d’Attila, que ce soit les débuts de Fronzak dans l’industrie pornographique, les diverses plaintes qui pèsent sur les membres du groupe ou les déboires avec les forces de l’ordre, il y a matière à écrire des textes avec la rage du cœur. Alors pour le prochain, on garde le rythme et le groove rap US / metalcore et on se pose sur les mots, s’il vous plaît !   

AnnaHell 

Tracklist

  1. Anxiety
  2. Empty Clip
  3. Metalcore Manson
  4. Day Drinking
  5. Broke & Happy
  6. G-Squad
  7. Shots for the Girls
  8. In This Life
  9. Viva Las Vegas
  10. Cancelled
3:08 2:56 2:46 3:27 3:17 3:10 3:03 3:30 3:06 3:30

Lineup

Chris Fronzak (Chant)

Kalan Blehm (Basse)

Tommy Henderson (Batteur)

Walter Adams (Guitare)

Niclas Engelin ( Guitare)

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